Fiat : accord direction-syndicats approuvé par les salariés de Pomigliano

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ès de Naples, le 22 juin 2010 (Photo : Mario Laporta)

[23/06/2010 06:07:29] POMIGLIANO D’ARCO, Italie (AFP) Les salariés de l’usine Fiat de Pomigliano d’Arco (centre de l’Italie) ont approuvé mardi un accord durcissant leurs conditions de travail en échange de la relocalisation d’une production assurée jusqu’ici en Pologne.

Au total, 62% des votants ont approuvé cet accord, tandis que 36% le rejetaient, les autres bulletins étant blancs ou déclarés nuls, a indiqué l’agence italienne Ansa.

La participation à ce référendum décisif a été massive: 65% des 4.881 travailleurs concernés, “un taux jamais atteint pour une consultation de ce type”, a précisé un syndicaliste.

Ce scrutin, qui a suscité un vif débat entre défenseurs de la relocalisation et pourfendeurs de mesures jugées antisociales, pourrait marquer un tournant dans les rapports entre syndicats et entreprises en Italie.

Le constructeur automobile Fiat compte investir 700 millions d’euros pour relocaliser à Pomigliano, près de Naples, la ligne de production de la Panda dont le plus récent modèle est actuellement assemblé à Tychy en Pologne, à condition de revoir les conditions de travail pour rendre l’usine plus compétitive.

Fiat veut notamment mettre en place 18 rotations afin de faire fonctionner l’usine 24 heures sur 24 pendant six jours, une augmentation du nombre des heures supplémentaires et une réduction du temps de pause.

Le projet a été accepté le 15 juin par tous les syndicats sauf un, Fiom-CGIL, qui a dénoncé un recul social.

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és de Fiat sur le site de Pomigliano, près de Naples, le 22 juin 2010 (Photo : Mario Laporta)

Fiat pourra ne pas payer l’indemnité maladie à sa charge en cas d’absentéisme jugé “anormal” et, point le plus controversé, prendre des sanctions allant jusqu’au licenciement en cas de non-respect de l’accord, ce qui pour la Fiom, va à l’encontre du droit de grève.

“Le travail et le bon sens ont gagné”, s’est aussitôt félicité le secrétaire général, Raffaele Bonanni, de la Cisl, l’un des syndicats signataires de l’accord.

De son côté, un porte-parole de la Fiom avait dans la journée de mardi jugé “évident que le oui (allait) l’emporter”. “Comment voulez-vous qu’un travailleur vote pour la fermeture de son usine ?”, avait déclaré à l’AFP Fernando Liuzzi, en rappelant que les travailleurs de Pomigliano sont au chômage technique depuis plusieurs semaines.

La direction avait demandé aux salariés une vaste adhésion à cet accord afin de donner son feu vert à l’opération, menaçant de ramener la production de la Panda en Pologne en cas de résultat négatif.

“Je pense que les travailleurs comprendront que dans une région délicate comme celle de Pomigliano, dire +non+ à un investissement de 700 millions d’euros serait problématique”, avait déclaré la patronne des patrons italiens Emma Marcegaglia.

Pour Maurizio Del Conte, professeur de droit du travail à l’université milanaise Bocconi, “cet accord représente un symbole pour le système industriel italien et marque un tournant. Ce référendum aura donc des retombées importantes”.

Avec la victoire du oui, “les relations dans le monde du travail en Italie pourraient radicalement changer en s’orientant vers une plus grande cogestion entre syndicats et entreprises, tout en confirmant Fiat dans son rôle d’entrepreneur fondamental pour ce pays,” a-t-il déclaré à l’AFP.

En sortant de l’usine à la mi-journée, la plupart des ouvriers venus pour la rotation du matin, avaient préféré ne pas s’exprimer, lâchant juste qu’ils n’avaient “pas le choix”.