Grèce : des milliers de vacanciers bloqués au Pirée pour cause de grève

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îles des Cyclades, en Grèce, le 30 mai 2005 (Photo : Aris Messinis)

[23/06/2010 13:45:31] ATHENES (AFP) Des milliers des vacanciers, grecs et étrangers, restaient mercredi cloués au port du Pirée proche d’Athènes, après une mobilisation des dockers communistes, protestant contre le plan d’austérité du gouvernement pour faire face à la grave crise financière.

Sur les 21 liaisons prévues vers les îles des Cyclades en mer Egée, au moins huit étaient annulées après un blocus des ferries par des dizaines des militants du Front de lutte des travailleurs (Pame), émanation du parti communiste grec (KKE – ultra-orthodoxe), selon le bureau de presse du ministère de la Marine marchande.

La justice a décrété mardi soir cette grève “illégale et abusive”, mais les militants du Pame, coutumier de ce genre d’opérations coup de poing, se sont massés sur le port très tôt mercredi matin, empêchant d’abord les passagers d’un bateau arrivant de Crète (sud) de débarquer.

Ils ont ensuite établi des piquets de grève devant certains ferries en partance pour les îles Cyclades, l’une des principales destinations touristiques du pays.

Des forces de la police portuaire ont été dépêchées sur les lieux, alors qu’une foule importante était bloquée sur les quais, certains passagers invectivant les manifestants.

“Honte, honte, avec tout ce que vous faites, les choses vont empirer”, criaient certains vacanciers grecs, selon une photographe de l’AFP.

Des touristes étrangers étaient également présents dans la foule, ce qui a provoqué une vive réaction de l’Union grecque des opérateurs de tourisme (HATTA).

“Encore une fois, la mobilisation des marins porte un coup au tourisme et constitue une attaque pour le secteur”, a indiqué à l’AFP Georges Telonis, vice-président de l’Hatta.

La Fédération des marins (PNO) avait observé plus d’une dizaine de grèves ces derniers mois pour protester contre les mesures de rigueur du gouvernement pour faire face à la crise.

Cependant “cette fois, seul le Pame a appelé à cette grève -ce qui ne représente que deux unions parmi les quatorze de la PNO- et les agences de tourisme ne s’attendaient pas à tant d’annulations”, a expliqué M. Telonis.

Il a rappelé que lors des grèves précédentes de la PNO, “la majorité des agences de ferries avaient pu prévenir leurs clients du report de leur voyage au lendemain”, ce qui n’a pas été fait cette fois.

Parallèlement, quelques centaines des militants du Pame ont défilé mercredi dans le centre d’Athènes scandant des slogans contre l’Union européenne (UE) et le Fonds monétaire International (FMI), qui ont activé le plan de sauvetage de l’économie du pays en contrepartie des mesures d’austérité.

“Le seul moyen de faire pression est d’observer une grève au port (…), notre objectif est d’empêcher nos enfants de travailler comme des esclaves et non pas (d’empêcher) les touristes de plonger à Myconos”, a indiqué à la radio Flash Yiannis Manousogiannakis, syndicaliste du Pame, se référant à la célèbre île des Cyclades.

Athanassios Bousios, chef de la police portuaire a toutefois souligné que la police n’interviendrait pas afin d’éviter la montée de la tension et “des actes de violences dans le port”.

Outre cette grève, des arrêts de travail des cheminots, observés depuis mardi, ont perturbé les liaisons du train interurbain d’Athènes vers l’aéroport international, accessible toutefois par le métro.

La grogne sociale doit se poursuivre d’ici le 29 juin, date d’une nouvelle grève générale, la cinquième depuis le début de l’année, prévue par les centrales syndicales, qui protesteront cette fois contre un projet de loi sur la réforme de retraites.