George Soros : la politique allemande est un danger pour l’Europe

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éricain George Soros lors d’une conférence de presse le 10 mai 2010 à Djakarta (Photo : Bay Ismoyo)

[23/06/2010 17:58:16] BERLIN (AFP) Le milliardaire américain George Soros a jugé que “la politique allemande est un danger pour l’Europe”, qui “pourrait détruire le projet européen”, à l’occasion d’une visite en Allemagne mercredi.

“L’Allemagne fait comme si le traité de Maastricht était un texte sacré”, a estimé dans une interview à l’hebdomadaire Die Zeit à paraître jeudi l’Américain d’origine hongroise, connu pour avoir fait fortune en spéculant contre des devises, notamment contre la livre sterling en 1992.

Mais dans son attachement farouche à l’orthodoxie budgétaire, “l’Allemagne est mondialement isolée”, juge M. Soros, et “la politique allemande est un danger pour l’Europe, elle pourrait détruire le projet européen”.

S’exprimant au cours d’une conférence à Berlin mercredi, M. Soros a critiqué que “non seulement l’Allemagne insiste pour que les pays les plus faibles réduisent leurs déficits, mais elle veut aussi réduire elle-même ses déficits”, et ce alors que l’économie mondiale sort à peine la tête de l’eau après la crise.

De telles politiques “enclenchent une spirale négative”, selon M. Soros qui prédit “une longue phase de dépression”.

“Dans le pire des cas, cela pourrait menacer la démocratie”, a-t-il ajouté, et “l’Allemagne en porterait la plus forte responsabilité”.

Selon lui, “les gens en Allemagne croient en une Europe unifiée, mais ils ne comprennent pas les conséquences négatives de la politique actuelle”. C’est pourquoi, a expliqué le milliardaire, âgé de 79 ans et connu aujourd’hui pour son engagement philanthropique, il a choisi de venir évoquer ces questions en Allemagne.

Ses commentaires interviennent en plein débat mondial sur la politique économique, l’Allemagne ayant, à l’instar de plusieurs autres pays européens, annoncé une cure de rigueur pour redresser ses finances publiques, alors que les Etats-Unis appellent à privilégier le soutien à la croissance et la relance économique.

“Les créanciers du monde, surtout l’Allemagne et la Chine, doivent aussi contribuer à la sortie de crise”, estime M. Soros, rejoignant la position du président américain Barack Obama.