Veolia en piste pour gérer l’eau en Ile-de-France douze années de plus

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ège du groupe (Photo : Thomas Coex)

[23/06/2010 19:47:56] PARIS (AFP) Veolia Environnement devrait, sauf surprise, conserver jeudi le gigantesque contrat de distribution d’eau dans plus de 140 communes d’Ile-de-France, un marché que le groupe détiendra au final depuis un siècle, au grand dam de certains élus.

Le comité du Syndicat des eaux d’Ile-de-France (Sedif), composé d’élus des 144 communes membres, votera jeudi sur le projet de contrat retenu. Couvrant la distribution d’eau potable à quelque 4 millions de consommateurs (hors Paris), ce contrat de délégation de service public est le plus important de ce type en Europe.

D’après le rapport de présentation de l’offre distribué aux élus et que l’AFP a pu consulter, le Sedif devrait signer pour 12 ans avec Veolia.

Quand ce nouveau contrat arrivera à échéance, Veolia aura donc géré les eaux en Ile-de-France au total depuis un siècle, puisqu’il en est détenteur depuis 1923. Le contrat actuel, d’un montant annuel de 371 millions d’euros, date de 1962.

Le vote du Sedif mettra fin à une bataille de plusieurs mois: à l’automne, le groupe Saur, présélectionné, avait renoncé à poursuivre la compétition, puis en janvier, Derichebourg, allié à l’Allemand Remondis, avait vu sa candidature écartée, comme le finaliste Suez Environnement en mai.

Le Sedif a défendu son choix en assurant que cela permettrait de baisser le prix de l’eau. Actuellement, le prix total de l’eau est en moyenne de 4,07 euros par mètre cube, variant de 3,20 euros à 5,50 euros en fonction du service communal de traitement des eaux usées.

Au 1er janvier 2011, date d’entrée en application du nouveau contrat, le prix moyen facturé de l’eau (hors taxes et charges d’assainissement) devrait baisser de 10,5%, à 1,48 euro/m3, selon le rapport de présentation.

Si le Sedif a répété que la procédure avait été “objective” et la mise en concurrence “frontale”, les critiques n’en ont pas moins été nombreuses à l’égard du syndicat et de son président, André Santini, député-maire (Nouveau Centre) d’Issy-les-Moulineaux.

En tête, Philippe Kaltenbach, le maire PS de Clamart (Hauts-de-Seine), qui est favorable à une gestion de l’eau en régie publique. Dans un courrier envoyé aux autres élus, il affirme que la proposition du Sedif de reconduire Veolia “n’est pas acceptable”, jugeant que “les usagers de l’eau franciliens ont été suffisamment +grugés+ par une entreprise délégataire, impossible à contrôler”.

Des critiques alimentées aussi par un rapport de la chambre régionale des comptes qui a épinglé en mai Veolia pour deux irrégularités dans sa gestion de l’eau francilienne.

L’association de consommateurs “Coordination Eau Ile-de-France” a, elle, appelé, avec d’autres associations et collectifs, à un rassemblement jeudi à Choisy-le-Roi (Val-de-Marne), où se réunira le Sedif, “pour exiger qu?il engage une action visant au remboursement des sommes indûment perçues”. En 2008, l’UFC-Que Choisir avait évalué la “surfacturation” dans la région à quelque 80-90 millions d’euros.

Autre sujet de débat: le périmètre exact du contrat, qui est encore sujet à caution.

La communauté de communes “Est ensemble”, qui regroupe neuf communes de Seine-Saint-Denis, soit environ 400.000 habitants, a en effet suspendu sa participation au Sedif, réservant encore son choix sur la possibilité de gérer différemment son eau.

Le contrat du Sedif est une “sorte de rente de situation” pour Veolia, dénonçait récemment Dominique Voynet (Verts), maire de Montreuil, l’une des neuf communes concernées, dans un entretien sur lepoint.fr.