éléviseurs à Paris (Photo : Joel Saget) |
[24/06/2010 09:37:13] PARIS (AFP) La Coupe du Monde de football a dopé la consommation en France en mai, notamment les achats de téléviseurs, mais ce rebond risque fort de n’être que temporaire, mettent en garde des économistes.
Après une forte baisse de 1,3% en avril, les dépenses de consommation des Français en produits manufacturés ont augmenté de 0,7% en mai par rapport au mois précédent, selon les chiffres publiés jeudi par l’Insee.
La consommation en produits manufacturés représente environ un quart de la consommation des ménages en France, traditionnel moteur de la croissance, mais constitue un bon indicateur de la tendance générale.
Les dépenses en biens durables ont augmenté fortement (+3,6%), après la nette baisse d?avril (-4,5%), précise l’Institut de la statistique.
Alors que les achats d?automobiles sont restés stables (-0,1% après -9,6%), la hausse d?ensemble s?explique par le dynamisme des achats en équipement du logement: ils progressent de 7,3% après un recul de 0,5% en avril.
Tous les postes d?équipement du logement sont dynamiques, mais la plus forte hausse concerne l?électronique grand public, stimulée en premier lieu par un “effet coupe du monde” sur les achats de téléviseurs, selon l’Insee.
Elle s?explique en outre par le passage au “tout numérique” en Bretagne et dans les Pays de la Loire, qui s’est traduit par un surcroît d?achats de téléviseurs et de décodeurs TNT, indique l’Institut.
Cette hausse des achats électroniques “est temporaire” et la tendance “devrait se corriger au cours des deux prochains mois”, a estimé Adèle Renaud, économiste chez Natixis.
Sur les autres postes, la consommation a d’ailleurs continué de se rétracter.
Ainsi, les achats de textile-cuir sont en baisse de 1,6% en mai, “après un mois d?avril déjà terne (-1,1%)”. L?habillement “sert de variable d?ajustement pour le budget des ménages. Pas étonnant dès lors qu?il soit sacrifié dans la situation actuelle”, a commenté Alexander Law, chez Xerfi.
“Nous restons pessimistes pour la fin de l’année (…), alors que la déprime du marché de l’emploi pèse sur les revenus des ménages, que leur moral est en berne et que les mesures de soutien au pouvoir d’achat vont progressivement disparaître”, a souligné Adèle Renaud.
“Tant que le chômage continuera d?augmenter, tant que le pouvoir d?achat restera sous tension, la consommation sera en grand danger”, a relevé de son côté Alexander Law, chez Xerfi.
“Le délirant débat sémantique autour de la rigueur/austérité/discipline a semé le trouble dans les esprits des Français qui craignent sans doute des hausses de prélèvements obligatoires et des baisses de salaires dans la fonction publique”, note aussi Nicolas Bouzou, d’Asterès, qui s’attend à ce que leur taux d’épargne reste élevé.
Selon les nouvelles prévisions de l’Insee, publiées jeudi, la croissance française devrait rester modeste en 2010 mais atteindra tout de même l’objectif de 1,4% fixé par le gouvernement, un niveau tout juste suffisant pour enrayer la hausse du chômage.
Selon l’Insee, la consommation totale des ménages ne progresserait que de 1,2% cette année. Mieux que les performances enregistrées durant la crise (+0,5% en 2008 et +0,7% en 2009) mais nettement moins bien que le rythme soutenu qui prévalait auparavant (de l’ordre de 2,5% en 2006 et 2007).