à Paris (Photo : Bertrand Langlois) |
[24/06/2010 09:47:27] PARIS (AFP) “Une affaire unique, voire historique”, a déclaré un procureur, commençant à requérir jeudi matin au procès de Jérôme Kerviel, l’ancien trader de la Société Générale poursuivi pour avoir causé une perte de 4,9 milliards d’euros début 2008.
Les trois semaines d’audiences ne devraient pas l’inciter à l’indulgence envers le jeune homme, qui encourt un maximum de cinq ans de prison ferme et 375.000 euros d’amende, pour abus de confiance, faux et usage de faux, et introduction frauduleuse de données dans un système informatique.
Une “étrange affaire en effet”, a déclaré au début de l’audience l’un des deux représentants du ministère public, Philippe Bourion, dans laquelle “on arrondit les chiffres au milliard près”, a-t-il ajouté, commençant à démontrer “l’extravagance” de la position de la défense, consistant à dire : “on ne m’a pas arrêté dans mon action donc je ne suis pas coupable”.
“Chaque instant est un instant de fraude”, de “simulation, rouerie, feinte, volte-face”, a poursuivi M. Bourion, accablant Jérôme Kerviel d’un “talent exceptionnel de comédien”, d’une “faculté hors du commun de travestir la réalité”, avant d’énumérer les situations, conversations, courriels, dans lesquels il a abusé de la confiance de ses collègues.
érôme Kerviel à son arrivée le 24 juin 2010 au Palais de Justice à Paris (Photo : Bertrand Langlois) |
Selon l’accusation, Jérôme Kerviel ne peut pas prétendre que ses activités n’étaient pas contrôlées, puisqu’il a “dépensé une énergie incroyable pour contourner les contrôles”.
Avec pour “résultat potentiel, tout simplement la destruction de la Société Générale”, a asséné M. Bourion, devant un Jérôme Kerviel semblant fatigué mais sans plus de réaction que tout au long de son procès.
Assis à sa place habituelle, dans un costume sombre, chemise rose, sans cravate cette fois, il écoute, prend des notes. Derrière lui, son avocat, Olivier Metzner, écrit lui aussi.
“Pourquoi a-t-il commis les faits ?”, demande le procureur Bourion.
“Un espoir de bonus ? … pour devenir une star ?… insatisfaction permanente, variante financière du bovarysme ?… besoin de sensations fortes ?…”
“Ce sera la seule obscurité que le parquet ne pourra pas lever”, une obscurité qui “demeurera épaisse”. Mais “l’intention de Jérôme Kerviel est, elle, parfaitement établie”, a conclu M. Bourion, avant une suspension de séance.
A la reprise devait intervenir Jean-Michel Aldebert, chef de la section financière du parquet.