G8 et G20 : la relance, enjeu intérieur d’Obama face à une reprise timide

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ésident Obama à Washington le 24 juin 2010 (Photo : Mandel Ngan)

[25/06/2010 10:03:35] WASHINGTON (AFP) Barack Obama espère revenir des G8 et G20 au Canada fort d’un accord sur la poursuite des efforts de relance, cruciaux pour consolider une reprise qui, encore loin d’effacer les ravages de la pire récession depuis les années 1930, donne des signes de fragilité aux Etats-Unis.

Au G8 vendredi et samedi, M. Obama aura à coeur de tisser des liens avec deux “nouvelles têtes” dirigeant des proches pays alliés, le nouveau Premier ministre britannique David Cameron et celui du Japon, Naoto Kan. Mais ce sera encore une fois l’économie qui devrait dominer l’ordre du jour.

La semaine dernière, le président a donné le “la” en demandant à ses partenaires du G20, qu’il verra samedi et dimanche, d’agir de concert pour “renforcer la reprise”, en soulignant qu'”une reprise mondiale solide et durable doit être construite sur une demande équilibrée au niveau mondial”.

Malgré une croissance repartie, le taux de chômage aux Etats-Unis oscille toujours à près des 10%, le plus mauvais chiffre en près de 30 ans. Le pays a perdu quelque 8,5 millions d’emplois lors de la récession de 2008-2009 et certains indicateurs récents ont suscité des inquiétudes.

Depuis des mois, le président américain dénonçait à mots plus ou moins couverts la stratégie de monnaie faible de la Chine, qui lui permet de s’assurer à bon compte une compétitivité à l’exportation, au détriment en particulier des industries américaines.

Hasard où coïncidence, en tout cas succès apparent pour M. Obama, la banque centrale de Chine a annoncé le lendemain le renforcement “de la souplesse du taux de change” de sa monnaie, ce qui s’est traduit par une appréciation de celle-ci. Mais Pékin a aussitôt assorti ce geste d’un refus renouvelé de voir cette question évoquée au G20.

M. Obama, qui a lancé dès sa prise de fonctions début 2009 un plan de relance massif de 787 milliards de dollars, va aussi devoir faire face à la stratégie divergente désormais adoptée en Europe, où la tendance est aux tours de vis après les déboires budgétaires de la Grèce, de l’Espagne mais aussi de la Grande-Bretagne.

“La dernière fois qu’ils se sont rencontrés, tant le G8 que le G20, il y avait pas mal de consensus. L’économie mondiale avait des problèmes (…), ils allaient la stimuler, mais cette fois le consensus est bien moindre”, observe Fariborz Ghadar, expert au Centre pour les études internationales et stratégiques (CSIS) de Washington.

“Il nous faut nous engager en faveur d’ajustements budgétaires qui stabilisent les ratios de dette par rapport au PIB à des niveaux adéquats à moyen terme”, a reconnu M. Obama vendredi, rappelant son engagement personnel à y parvenir.

Mais, a précisé M. Obama, “nous devons être souples pour ajuster le rythme de la consolidation et apprendre des erreurs commises par le passé, quand les mesures de relance avaient été retirées trop vite”, la crainte de l’administration Obama étant une langueur prolongée de l’économie américaine, dont le principal moteur est la consommation intérieure.

Encore mardi, M. Obama a reconnu que l’économie “ne progressait pas aussi vite que nous le voulons”. Avant lui, le secrétaire au Trésor Timothy Geithner avait indiqué que l’économie nationale traversait “encore une période extrêmement difficile”.

Autre facette d’importance de ce sujet, la réforme du système financier, engagée au Congrès américain, mais qui concerne aussi d’autres pays, avec des approches différentes.

“Les Européens souhaitent vivement créer une taxe mondiale sur les banques pour payer pour les futures crises bancaires et les plans de sauvetage. C’est hors de question pour les Etats-Unis, le Canada et le Japon”, remarque Heather Conley, responsable des études européennes au CSIS.