Revers pour le plan d’austérité en Roumanie, l’aide du FMI en question

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érité salariales s’opposent aux forces de l’ordre devant le palais présidentiel, à Bucarest, capitale de la Roumanie, le 25 juin 2010 (Photo : Daniel Mihailescu)

[25/06/2010 13:39:16] BUCAREST (AFP) Le gouvernement roumain de centre-droit a subi un revers vendredi après l’invalidation d’une partie de son plan d’austérité par la Cour constitutionnelle, une décision qui remet en question le versement d’une tranche de l’aide cruciale du Fonds monétaire international.

La Cour a considéré que la réduction de 15% des retraites prévue par le gouvernement du Premier ministre Emil Boc jusqu’à fin 2010 était “inconstitutionnelle”, acceptant ainsi une partie des objections soulevées par les partis d’opposition, sociaux-démocrates et libéraux.

Cette mesure qui avait suscité une vive opposition dans un pays où les retraites moyennes tournent autour de 170 euros, était un des points clés d’un plan d’austérité défendu par le gouvernement afin de ramener le déficit public à 6,8% du produit intérieur brut.

Après des années de croissance, la Roumanie est plongée dans la récession depuis plus d’un an.

Ce plan, établi en accord avec le FMI et l’Union européenne (UE), prévoyait également des coupes de 25% des salaires publics et de 15% de diverses allocations.

Même si ces mesures ont été validées, elles sont contenues dans la loi pour “rétablir l’équilibre budgétaire” qui ne peut pas être promulguée tant que les dispositions sur les retraites ne sont pas modifiées.

La décision de la Cour intervient à trois jours d’un conseil d’administration du FMI, prévu lundi, lors duquel le Fonds devait donner son feu vert au versement d’une nouvelle tranche d’environ 900 millions d’euros dans le cadre d’un plan global d’aide de 20 milliards d’euros attribué à Bucarest au printemps 2009 pour faire face à la crise.

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écembre 2009 à Bucarest (Photo : Andrei Pungovschi)

Le chef de la mission d’évaluation du FMI en Roumanie, Jeffrey Franks, avait clairement souligné le 10 mai que cette tranche sera versée “dès que les autorités auront adopté les mesures promises”.

Contacté par l’AFP, le bureau du FMI en Roumanie n’a pas souhaité faire de commentaire.

“Il semble clair qu’on ne pourra pas toucher la tranche suivante de l’aide du FMI dans les délais prévus”, a estimé l’analyste économique Aurelian Dochia, membre du conseil d’administration de la banque BRD (groupe Société générale) interrogé par l’AFP.

“C’est négatif pour l’économie. Le versement de la prochaine tranche risque d’être retardé”, acquiesce Nicolae Chidesciuc, économiste chez ING Roumanie.

Le Premier ministre Emil Boc a indiqué que le gouvernement avait préparé “une série de mesures alternatives dont nous discutons avec le FMI, l’UE et la Banque mondiale”.

“Notre but est de garder l’accord avec le FMI”, a-t-il ajouté.

Il a refusé d’indiquer si des hausses d’impôts et de la taxe sur la valeur ajoutée (TVA) étaient envisagées.

M. Boc ainsi que le président Traian Basescu s’étaient vivement opposés à des hausses d’impôts pour limiter le déficit budgétaire.

Toutefois, le vice-Premier ministre Marko Bela, membre du parti de la minorité hongroise UDMR, a indiqué “sans préjuger des décisions finales qu’il n’existe pas d’autres sources de revenus importantes que la hausse du taux d’imposition unique et de la TVA”.

Les économistes s’attendent également à de telles mesures.

“Quoi qu’il arrive il faut des ajustements pour limiter le déficit. La hausse de la TVA est négative pour l’économie et la demande intérieure. Le pouvoir d’achat de tous les Roumains va être affecté, selon M. Dochia.

Vendredi, environ 600 syndicalistes s’étaient rassemblés devant le palais présidentiel pour contester le plan d’austérité.