Proçès Kerviel : la défense de l’ancien trader plaide la relaxe, délibéré au 5 octobre

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érôme Kerviel et son avocat Olivier Metzner, au Palais de justice de Paris le 25 juin 2010. (Photo : Jacques Demarthon)

[26/06/2010 06:31:01] PARIS (AFP) La défense a plaidé vendredi la relaxe pour l’essentiel des faits reprochés à Jérôme Kerviel, “la créature de la Société Générale”, a dit son avocat Olivier Metzner, au dernier jour du procès de l’ancien trader qui sera fixé sur son sort le 5 octobre à 10H00.

Après trois semaines de procès, Me Metzner, une des stars du barreau parisien, en a d’abord appelé au “bon sens” du tribunal, “où on ne peut pas dire le contraire de la réalité”.

L’accusation avait requis jeudi cinq ans de prison dont quatre ferme à l’encontre de Jérôme Kerviel, à qui la Société Générale, partie civile, réclame 4,9 milliards d’euros de dommages et intérêts.

Jérôme Kerviel, 33 ans, était jugé depuis le 8 juin pour avoir pris sur les marchés financiers des positions spéculatives de dizaines de milliards d’euros, dissimulées à l’aide d’opérations fictives et fausses écritures, et causé au final cette perte historique de 4,9 milliards d’euros en janvier 2008.

“Vous êtes là, Monsieur le Président, Mesdames. Est-ce que pendant trois semaines un de vous trois n’a pas vu ce que faisait l’autre?”, a demandé Me Metzner au président Dominique Pauthe et aux deux magistrates assesseurs.

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érôme Kerviel face au président du tribunal Dominique Pauthe le 8 juin 2010 au Palais de justice à Paris (Photo : Benoit Peyrucq)

Il voulait, encore une fois, démontrer qu’il était impossible que les collègues et supérieurs hiérarchiques directs de Jérôme Kerviel, qui se trouvaient près de lui, dans la même salle, n’aient pas vu, pas entendu, ce qu’il faisait.

Cet argument lui a permis, entre autres démonstrations et jurisprudence, de plaider la relaxe pour l'”abus de confiance” reproché à son client. Il a aussi demandé la relaxe pour les “faux et usage de faux”, puisqu’ils ont été produits “a posteriori” par Jérôme Kerviel, a-t-il expliqué, ne plaidant “coupable” que pour l'”introduction frauduleuse de données” dans un système informatique. Une broutille à l’entendre.

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à son arrivée le 25 juin 2010 au Palais de justice à Paris (Photo : Jacques Demarthon)

L’avocat, plaidant près de son bureau et de ses notes, sans l’aide du micro, imposant un silence attentif à une salle comble, s’est aussi demandé comment un “garçon normal” comme Jérôme Kerviel a pu “en arriver là”.

Son client, assis juste devant lui, costume et chemise noirs, l’écoute, l’air sombre, jambes croisés.

Me Metzner, lunettes demi-lune sur le bout du nez, continuait: “A la question +Qui êtes-vous, Jérôme Kerviel ?+, je vais opposer la question +Qui êtes-vous Société Générale? Comment fabriquez-vous (des gens comme son ancien trader) si ce n’est par intérêt financier?+”

A côté des activités “prudentes”, “pures”, “transparentes” de la banque et du “rouge flamboyant”, a-t-il dit, “il y a la partie noire, où on va construire des produits extraordinaires, des dérivés, de ci, de ça, des produits exotiques”. “On va vers la virtualité, l’immatérialité”, a-t-il poursuivi.

Pour Me Metzner, l’ancien trader a été “formé, formaté, déformé par la Société Générale”. “Peut-être a-t-il trop désobéi”, peut-être a-t-il été trop pris “dans l’engrenage de ce monde virtuel, où les chiffres ne veulent plus rien dire”, a-t-il concédé.

Mais, citant l’économiste John Galbraith pour conclure: “quand tout le monde gagne personne ne voit, quand tout le monde perd il faut un coupable, un seul”.

Me Nicolas Huc-Morel, associé de Me Metzner, avait auparavant évoqué, à l’aide de tableaux et graphiques, les “limites” de risques que Jérôme Kerviel est accusé d’avoir pulvérisées. “Pour affirmer que les limites ont été dépassées, il aurait d’abord fallu qu’elles soient fixées”, avait-il dit.