La taxe bancaire en voie d’être enterrée par le G20

photo_1277579882331-1-1.jpg
ésident américain Barack Obama et le Premier ministre britannique David Cameron arrivent à Toronto pour le G20 le 26 juin 2010 (Photo : Saul Loeb)

[26/06/2010 19:42:52] TORONTO (AFP) Les pays riches et émergents du G20, qui se réunissent en sommet à partir de samedi soir à Toronto, devraient prendre acte de leur désaccord sur la taxation des banques.

La taxe bancaire “ne trouvera pas d’accord au sein du G20, c’est déjà acté”, a affirmé samedi devant la presse le président du Conseil italien Silvio Berlusconi, quelques heures avant le début de ce sommet des pays riches et émergents.

Et le dirigeant italien n’a pas été le seul à dresser l’acte de décès de cette taxe sur les banques.

“D’après ce que j’ai compris du travail de préparation des négociateurs, nous devons nous attendre à une décision négative”, a déclaré la chancelière allemande Angela Merkel, confirmant qu’elle plaiderait néanmoins en faveur de cette taxe aux côtés de son homologue français Nicolas Sarkozy

“Malheureusement, nous n’avons pas au G20 de consensus, que ce soit sur la taxe bancaire ou sur celle concernant les transactions financières”, a souligné devant la presse Mme Merkel.

Le G20 n’ira pas toutefois jusqu’à empêcher les pays favorables à cette taxe d’aller de l’avant, a assuré un haut responsable canadien, dont le pays est hôte ce week-end des sommets du G8 et du G20.

Le premier ministre britannique David Cameron, “Mme Merkel et moi-même, nous sommes décidés à obtenir un cadre qui permette la taxation des activités bancaires et quelle que soit la décision de nos partenaires, nous la mettrons en oeuvre”, a ainsi assuré M. Sarkozy.

Les pays “qui n’ont pas eu à utiliser l’argent de leurs contribuables ou dont les banques n’ont pas fait faillite, n’ont pas l’intention de mettre en place une taxe”, a expliqué Dimitri Soulas, porte-parole du Premier ministre canadien Stephen Harper, se référant implicitement à la situation du Canada.

Le G20 avait pourtant chargé en octobre 2009 lors de son sommet de Pittsburgh le Fonds monétaire international d’avancer des propositions. Mais il s’est finalement divisé sur l’utilité même d’une telle taxe et sur la façon pour le secteur financier d'”assurer une contribution juste et substantielle qui lui ferait payer la charge due aux interventions des Etats pour réparer le système bancaire”, l’objectif de départ.

“Nous n’avons pas besoin de taxe en Australie”, a ainsi assuré samedi le vice Premier ministre australien Wayne Swan. “La vérité pourrait bien être que certains envisagent cette taxe parce qu’ils veulent juste gagner un peu d’argent”, a-t-il ajouté, en référence à la France et à la Grande-Bretagne qui souhaitent affecter le produit de cette taxe à leurs budgets nationaux.

De nombreux autres Etats sont sur la même ligne, comme les pays membres du groupe des “BRIC” (Brésil, Russie, Inde et Chine), ou l’hôte canadien. Ils estiment ne pas avoir besoin de révolutionner le contrôle de leurs banques ni de les punir par une fiscalité spécifique.

Quant aux Etats-Unis, qui figuraient à l’origine parmi les promoteurs de l’idée, ils n’en ont plus parlé récemment. A Washington, c’est au Congrès désormais d’avancer sur cette taxe, lors des discussions prévues cet été sur le budget 2010-2011.

Le président Barack Obama est en revanche arrivé au Canada fort du compromis trouvé par les parlementaires de son pays sur une réforme de la régulation financière, la plus ambitieuse du G20.

Mais collectivement, le G20 n’arrive pas à Toronto avec beaucoup à faire valoir.

Les discussions entre banques centrales et régulateurs financiers sur les nouvelles normes de fonds propres (“Bâle III”) prennent du temps. L’engagement de mettre fin aux “excès” de la finance qui ont précipité la planète dans la récession a eu du mal à trouver sa traduction concrète.