G20 : tous pour la croissance, mais divisés sur les déficits

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à Toronto (Photo : Jim Young)

[27/06/2010 08:54:44] TORONTO (Canada) (AFP) Les dirigeants des pays riches et émergents du G20, qui ont entamé leur sommet samedi à Toronto (Canada), ont beau clamer leur objectif commun de favoriser la croissance mondiale, ils ont aussi affiché leurs divergences sur la réduction des déficits publics.

Les chefs d’Etat et de gouvernement ont eu au long de la journée des déclarations rassurantes sur leur détermination à consolider la reprise mondiale.

Pour les pays industrialisés du G8, “le monde connaît un fragile début de reprise après avoir subi la crise économique la plus grave depuis des générations”.

Le président des Etats-Unis, Barack Obama, et le premier ministre britannique, David Cameron, aussi éloignés qu’ils semblent dans leurs choix de politiques économiques, ont minimisé ces différences à l’issue de leur première rencontre.

“Il y a eu des réponses différenciées entre nos deux pays parce que nos situations sont différentes, mais nous allons dans la même direction, celle de la croissance durable à long terme”, a indiqué M. Obama.

“Nous suivons le même chemin qui est celui de la croissance mondiale et de la stabilité”, a renchéri M. Cameron.

Mais le G20 n’a pu ignorer l’une des premières menaces qui pèsent sur cette croissance, la montée inexorable de la dette publique dans les plus grandes économies de la planète.

L’hôte canadien veut faire de la réduction des déficits publics l’un des éléments-phares du communiqué final dimanche. Le premier ministre Stephen Harper compte encourager les pays du G20 “à réduire de moitié leurs déficits d’ici à 2013 et à commencer à diminuer leur ratio dette/produit intérieur brut d’ici à 2016”, a précisé son porte-parole Dimitri Soudas.

“Le fait que le G20 serait prêt à accepter des objectifs est encourageant”, a souligné de son côté le président de la commission européenne, Jose Manuel Barroso. “C’est une preuve de bonne volonté à coordonner les politiques”, a-t-il ajouté.

Le secrétaire au Trésor américain Timothy Geithner était en revanche sur une ligne opposée. “Les cicatrices de la crise sont toujours là. Donc ce sommet doit porter fondamentalement sur la croissance”, a-t-il affirmé.

Il a égratigné au passage la plupart de ses partenaires du G8: parlant de “certaines parties d’Europe” et du Japon, il a estimé qu’on n’avait pas “vu encore de la part de ces pays un ensemble de politiques, qui donnera à tout le monde confiance dans le fait que l’on verra une croissance plus forte tirée par la demande intérieure dans ces pays à l’avenir”.

Le président français Nicolas Sarkozy a pourtant assuré que régnait une forme de consensus. “Nous disons qu’il faut de façon coordonnée préparer les scénarios de sortie de crise. Il n’y a pas un seul interlocuteur autour de la table du G8 qui ait contesté la nécessité de réduire l’endettement et les déficits et en même temps de le faire d’une façon pragmatique en tenant compte de la situation propre à chaque pays”, a-t-il souligné.

Le ministre brésilien des Finances Guido Mantega, chef de délégation en l’absence de son président Luiz Inacio Lula da Silva, a critiqué les Européens.

Il s’est inquiété de la façon dont ils comptent “occuper les marchés émergents qui sont en plus forte croissance” avec leurs exportations, au lieu d’entretenir la demande sur les leurs.

“Ces pays, au lieu de stimuler la croissance, prêtent plus d’attention à l’ajustement budgétaire, et s’ils sont exportateurs, ils le feront cet ajustement à notre détriment”, a-t-il lancé.