G20-G8 : le volontarisme d’Obama à l’épreuve des priorités de ses partenaires

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à bord de l’hélicoptère le 26 juin 2010 à Bracebridge (Photo : Saul Loeb)

[27/06/2010 09:50:44] TORONTO (Canada) (AFP) Au G8 comme au G20, le volontarisme de Barack Obama pour faire progresser son agenda économique se heurte aux priorités des autres pays, que ce soit la Chine sur la question de la monnaie ou l’allié britannique à propos des méthodes pour soutenir la croissance.

Si M. Obama a affiché une entente plus que cordiale avec le Premier ministre britannique David Cameron, lui offrant samedi une place dans son hélicoptère entre le G8 de Huntsville et le G20 de Toronto, et trinquant avec lui au match nul de leurs équipes nationales au Mondial, les déclarations des deux dirigeants à l’issue de leur rencontre ont montré, en creux, leur désaccord.

Enonçant l’évidence, M. Obama a remarqué que les Etats-Unis et la Grande-Bretagne ont le même objectif de “croissance durable à long terme”. Mais il a aussi reconnu qu’il y a eu “des réponses différenciées entre nos deux pays parce que nos situations sont différentes”.

M. Cameron en a convenu: “nous suivons le même chemin, qui est celui de la croissance mondiale et de la stabilité”. “Mais cela signifie que les pays qui ont de gros problèmes de déficit comme le nôtre doivent prendre des mesures pour maintenir le niveau de confiance dans l’économie qui est absolument vital à notre croissance”, a ajouté le Premier ministre britannique, dont le gouvernement a annoncé mardi un plan d’austérité drastique.

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à son arrivée au G8 le 25 juin 2010 à Huntsville (Photo : Pool)

D’autres pays européens ont adopté des budgets de rigueur pour répondre aux inquiétudes des marchés sur leurs déficits publics. Mais les Etats-Unis craignent que trop d’austérité freine la relance, qu’ils voient dépendre de la consommation.

Autre préoccupation de M. Obama, qui dirige un pays où le taux de chômage reste à un niveau historiquement élevé: la monnaie chinoise. Les Etats-Unis ont accusé à mots à peine couverts la Chine de s’offrir à bon compte, en sous-évaluant sa monnaie, une compétitivité commerciale artificielle, notamment au détriment des industries américaines.

La banque centrale chinoise a fixé un taux de change yuan contre dollar au plus haut depuis cinq ans vendredi, à la veille du sommet du G20, dans l’espoir visiblement de désamorcer les critiques. Ce sujet est venu sur la table lors de la rencontre bilatérale entre M. Obama et son homologue chinois Hu Jintao à Toronto samedi après-midi, a indiqué la partie américaine.

Selon Jeff Bader, chargé des affaires asiatiques à la Maison Blanche, M. Obama “a parlé de l’importance d’une croissance soutenue et équilibrée” et “pris note de la décision chinoise d’accroître la flexibilité de son mécanisme de changes, en la saluant”.

Toutefois, a remarqué M. Bader, M. Obama a indiqué que “l’application (de cette décision) sera très importante”, façon de reconnaître le peu de prise que les Etats-Unis ont sur les décisions de Pékin qui a refusé tout net que ce sujet soit mentionné pendant le G20. Du reste, un responsable de la délégation chinoise à Toronto a prévenu que la Chine ne cèderait pas aux pressions sur le yuan.

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ée de billets chinois le yuan (Photo : Frederic J. Brown)

“S’il y a un changement dans le taux de change du renminbi (nom officiel de la monnaie chinoise), c’est dû à la dynamique interne de l’économie chinoise, et non à la pression d’un quelconque pays ou organisation internationale”, a déclaré Ma Xin.

Non que M. Obama n’ait pas enregistré de succès au G8: la Russie a accepté de cosigner un communiqué au ton musclé contre la Corée du Nord à la suite du torpillage meurtrier d’un bâtiment de la marine sud-coréenne le 26 mars. Mais la Chine reste à convaincre pour parvenir à une condamnation au Conseil de sécurité.

“Nous ne sommes pas encore à ce point (à l’ONU) à New York, mais nous allons dans cette direction”, a espéré M. Bader.