Déficits : semaine décisive pour la réduction des dépenses de l’Etat

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çois Baroin, le 22 juin 2010 à l’Assemblée nationale à Paris (Photo : Patrick Kovarik)

[28/06/2010 14:02:50] PARIS (AFP) Crédits ministériels en baisse, suppression d’effectifs, gel de subventions… Le gouvernement doit détailler cette semaine le plan d’économies qu’il a promis de longue date pour réduire les dépenses de l’Etat et le déficit de la France.

La France s’est officiellement engagée auprès de l’Union européenne à ramener son déficit public (Etat, comptes sociaux et collectivités locales) de 8% du produit intérieur brut (PIB) cette année, un record, à 6% l’an prochain puis 3% en 2013.

Des objectifs “intangibles” et “incontournables”, a insisté dimanche le ministre du Budget, François Baroin.

Cette réduction du déficit représente l’équivalent de 100 milliards d’euros sur trois ans. Le gouvernement affirme pouvoir y parvenir, notamment grâce à 45 milliards d’économies réalisées sur les dépenses, le reste devant être trouvé sur les recettes.

Il faudra attendre le prochain projet de budget triennal, fin septembre, pour connaître la solution de cette équation à multiples inconnues.

Mais le volet dépenses devrait déjà être précisé cette semaine, d’abord avec la présentation mercredi en conseil des ministres d’une “deuxième vague” de la Révision générale des politiques publiques (RGPP), qui “représentera autour de 10 milliards” d’économies sur 2011-2013, a précisé M. Baroin.

Elle confirmera la suppression sur trois ans d’environ 100.000 postes de fonctionnaires au titre du non remplacement d’un sur deux partant en retraite, dont 16.000 dans l’Education nationale dès l’an prochain.

La réforme va aussi “réduire la voilure” sur le “train de vie général de l’Etat”: suppression de plus de 10.000 voitures, réduction des prestations, réduction de 10% des postes dans les administrations centrales, effort sur tous les “budgets de communication” (-20%)…

Matignon, qui met la dernière main aux “arbitrages” sur les dépenses des différents ministères, doit leur envoyer d’ici la fin de la semaine les “lettres-plafonds” fixant pour chacun les limites de crédits et d’emplois pour l’année suivante.

François Fillon a déjà annoncé que ces restrictions budgétaires représenteraient une baisse globale sur trois ans de 10% des dépenses de fonctionnement mais aussi de 10% des “crédits d’intervention”, ces aides économiques et sociales (emploi, logement, etc.) qui représentent 66 milliards au total.

La baisse sera déjà de 5% pour la seule année 2011 et représentera 1 milliard d’économies sur le “train de vie” de l’Etat et 3,5 milliards sur les dépenses d’intervention, a précisé M. Baroin.

Le gouvernement devrait en outre accentuer son “coup de rabot” de 10% sur les niches fiscales, soit 8,5 à 10 milliards sur trois ans, plus que prévu initialement. “A notre niveau d’endettement, il n’est pas raisonnable d’avoir autant d’exonérations additionnées”, la France “n’a plus les moyens de faire ça”, a jugé M. Baroin.

D’autres économies seront réalisées en “gelant” les dotations versées aux collectivités locales et en limitant l’évolution des dépenses de santé.

“On réduit la croissance des dépenses”, raison pour laquelle “on ne parle pas de rigueur”, a argumenté le ministre du Budget.

On n’en parle pas encore… Mais “si la croissance n’était pas au rendez-vous par rapport à nos ambitions, nous proposerons (…) les mesures nécessaires pour corriger l’absence de recettes, c’est-à-dire des efforts supplémentaires”, a prévenu M. Baroin.

Or, le gouvernement prépare justement les esprits à une prochaine révision à la baisse de sa prévision de croissance “audacieuse”, jugée trop “optimiste” par de nombreux experts: 2,5% par an de 2011 à 2013.