Yuan : la fin de l’immobilisme chinois devrait suffire à éviter une guerre commerciale avec les Etats-Unis

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ée de billets chinois le yuan (Photo : Frederic J. Brown)

[30/06/2010 08:00:19] PEKIN (AFP) L’engagement de la Chine à laisser le yuan fluctuer plus librement ne fera pas taire les plus farouches adversaires de la sous-évaluation de la monnaie chinoise, mais devrait suffir à éviter une guerre commerciale avec les Etats-Unis.

Une dizaine de jours après les promesses de souplesse de la Banque centrale, le yuan s’est apprécié d’un demi pour cent vis-à-vis du dollar: trop peu aux yeux de certains Américains à bout de patience, mais assez pour montrer que la Chine fait un pas dans la bonne direction.

“Cela va permettre à la plupart des membres du Congrès d’éviter d’avoir à soutenir une forte réponse protectionniste”, inévitable “si la Chine s’était montrée inflexible”, estime Kenneth Lieberthal, expert de la Chine à la Brookings Institution à Washington.

Il est effectivement “plus difficile de militer pour des gestes qui pourraient conduire à une guerre commerciale entre les Etats-Unis et la Chine, juste parce que vous pensez que la Chine ne va pas assez vite”, approuve Patrick Chovanec, économiste à l’Université Tsinghua à Pékin.

Le sénateur démocrate Charles Schumer a été ces derniers mois à la pointe de la croisade anti-yuan sous-évalué, responsable, pour les critiques, du déficit commercial américain vis-à-vis de la Chine et de la destruction d’emplois aux Etats-Unis.

Certains experts américains jugent la monnaie chinoise sous-évaluée de 40%, ce qui rend d’autant meilleur marché les exportations chinoises et leur permet d’inonder la planète.

Mais Pékin, qui met en garde contre les velléités protectionnistes, estime que la valeur de sa monnaie n’est pas la clef des déséquilibres commerciaux.

Kenneth Lieberthal, qui fut conseiller Asie de l’ancien président Bill Clinton, estime que l’inflexion du yuan retardera les projets de loi porteurs de mesures de rétorsion.

“Certains parlementaires — je soupçonne que le sénateur Schumer en serait un bon exemple — trouveront, quoi que les Chinois fassent, que c’est insuffisant et continueront de vouloir une réponse forte”, dit-il.

“Mais je pense qu’il n’aura pas les votes maintenant, qui permettent une loi qui placerait le président dans une position très difficile en année électorale”, ajoute-t-il.

La semaine dernière, le président américain Barack Obama a jugé “positive” la décision de la Chine d’accroître la flexibilité du système de changes, tout en estimant qu’il était trop tôt pour savoir si cette mesure porterait ses fruits.

Pour Eric Fishwick, économiste de CLSA Asia Pacific à Hong Kong, les parlementaires américains n’ont pas la volonté politique de prendre des mesures sévères mais gesticulent avant des échéances électorales.

“Ils désirent être vus en train de faire quelque chose”, estime Eric Fishwick. Et “il est beaucoup plus difficile d’être vraiment critique maintenant que la monnaie a commencé à s’apprécier”.

Nul n’attend une ascension fulgurante du yuan: la Banque centrale continuera d’exercer un étroit contrôle pour garder la “stabilité” de sa monnaie et empêcher qu’une hausse trop brutale du taux de change ne pénalise les exportateurs chinois.

“C’est toujours un système de fluctuation très, très contrôlé. Sans rien à voir avec l’offre et la demande”, dit Chovanec.

Se basant sur la moyenne des taux évalués par des teneurs de marché, la Banque centrale fixe quotidiennement un cours pivot du yuan, autour duquel la monnaie chinoise fluctue dans une limite de plus ou moins 0,5% vis-à-vis du dollar.