Le ministère de l’Industrie et de la Technologie à organisé mardi 29 juin une manifestation intitulée «les Rencontres de l’Innovation» consacrée particulièrement aux mécanismes de financement.
C’est la première manifestation d’envergure que le ministère organise depuis sa redéfinition après le remaniement ministériel de janvier 2010 qui a ajouté la technologie aux prérogatives du ministère. D’ailleurs, la symbolique était présente puisque les Rencontres de l’Innovation ont été organisées, avec la collaboration du ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, ancienne tutelle de l’Innovation, au siège de l’UTICA, premier concerné par les mécanismes de l’innovation et avec les principaux bailleurs de fonds étrangers, à savoir la Banque européenne d’investissement (BEI), la Coopération technique allemande (GTZ) et l’Agence française de développement (AFD).
Dans son mot d’introduction au nom de l’UTICA, M. Hichem Elloumi, président de la FEDELEC, tout en saluant le rôle de l’Etat de précurseur dans le domaine de l’innovation, a renouvelé l’adhésion de la Centrale patronale à cette démarche, affirmant que l’entreprise demeure son acteur principal. Il a appelé à regrouper et assouplir les mécanismes de soutien à l’innovation dont il déplore la complexité et la multiplication.
M. Abdelaziz Rassâa, secrétaire d’Etat à l’Energie Renouvelable et aux Industries Agroalimentaires, dans son allocution d’inauguration des Rencontres de l’Innovation a axé son discours sur l’importance de l’innovation comme levier de développement de l’entreprise et de l’économie en général et de ce que l’Etat a mis en place comme aides et incitations pour le secteur industriel dans son ensemble. M. Rassâa a indiqué dans ce sens que l’élargissement de domaine d’intervention de l’API et des centres techniques sectoriels afin d’englober désormais l’innovation démontre ce souci des pouvoirs publics de mettre la thématique de l’innovation aux centre des intérêts de l’administration. Il citera l’exemple l’effort visant à atteindre 80 laboratoires accrédités en 2016 au lieu de 51 actuellement.
Ensuite, le secrétaire d’Etat a insisté sur la nécessaire synergie à développer entre les secteurs public et privé dans ce domaine à travers les réseaux des pôles technologiques et des réseaux d’innovation existant comme dans l’agroalimentaire, les industries mécaniques et électriques, le textile, la pharmacie, l’énergie et autres.
Les travaux de ces rencontres de l’innovation, particulièrement chargés pour une seule matinée, ont abordé quatre grandes thématiques qui concernent les outils de financement de l’innovation, les pratiques internationales dans le domaine, particulièrement en Europe, la mise en place des réseaux d’innovation en Tunisie, et les mécanismes d’essaimage et de Business Angels en tant qu’exemples d’appui par les entreprises aux projets innovants.
Pour ce qui est des mécanismes de financement de l’innovation en Tunisie, il faut signaler qu’il en existe aujourd’hui cinq, tous déjà opérationnels, à savoir le FCPR (Fonds Commun de Placement à Risque), In’ Tech(géré par la société SAGES Capital), les ITP(Investissements Technologiques Prioritaires, gérés dans le cadre de la Mise à niveau), la PIRD(Prime d’Investissement dans les activités de Recherche Développement), le FOPRODI (géré par l’APII), et le PNRI (Programme national de Promotion de l’Innovation Technologie, géré directement par la DGIDT -direction générale de l’innovation et du développement technologique nouvellement créée au sein du ministère de l’Industrie et de la Technologie.
Les séances thématiques ont été émaillées de témoignages des entreprises innovantes déjà en production ou sur le point de l’être. Ayant bénéficié souvent d’un mécanisme (ou de plus) de financement et de l’aide des structures d’appui et des réseaux d’innovation comme Casa Del Esparto, littéralement Dar El Halfa, monté par deux chercheurs tunisiens parvenus à un procédé breveté d’extraction de fibre spéciale de la plante d’alfa sans rejets nuisibles et avec des nouvelles perspectives pour l’utilisation des fibres dans des textiles techniques. Comme égalent la Société FERTIMED, productrice d’engrais NPK intelligent qui permet de gérer l’apport d’engrais selon les besoins de la plante dans un nouveau processus appelé slow release (alimentation lente) et obtenant in fine une plus grande économie dans l’utilisation des engrais chimiques pour le bien du sol.
D’autres témoignages ont été présentés, comme l’ont été les expériences de processus de l’innovation dans les pays scandinaves, le réseau français Oseo, les approches de la BEI ou de l’Union européenne afin de mesurer ce qui reste à faire en Tunisie et de bien s’imprégner des expériences réussies dans le monde.
La dernière séance a été consacrée à la présentation du mécanisme de l’essaimage, levier des projets innovants à travers le parrainage et la participation des grandes entreprises mais également d’un nouveau mécanisme pas encore connu en Tunisie, les Business Angels.
Un Business angel, selon Wikipédia, «est une personne physique qui investit une part de son patrimoine dans une entreprise innovante à potentiel et qui, en plus de son argent, met gratuitement à disposition de l’entrepreneur ses compétences, son expérience, ses réseaux relationnels et une partie de son temps». Les business Angels peuvent se mettre en réseau et agir à travers une entité juridiquement constituée, et ce modèle, venu des Etats-Unis, est assez répandu dans les pays anglo-saxons et commence à émerger en France. Un ou plusieurs réseaux de ce type vont voir le jour bientôt en Tunisie et viendront épauler les efforts de financement de l’innovation.