Pour pallier aux faiblesses du système éducatif, une profonde réforme est en cours, dont le ministre de l’Education et de la Formation professionnelle a présenté les grandes lignes devant les Atugéens réunis pour leur 19ème forum.
«Nous avions peur de traiter ce sujet, parce que nous sommes des professionnels de l’entreprise et pas de l’éducation et parce que nous craignions qu’on ne se dise pas tout à cause des tabous». Après avoir écouté M. Sami Zaoui, président de l’Association des Tunisiens des Grandes Ecoles (ATUGE) lancer, avec finesse, cette invitation indirecte au parler vrai, le ministre de l’Education et de la Formation professionnelle, l’a rassuré tout de suite : «Il n’y a pas de tabous».
«Le niveau des acquis de nos élèves est en régression dans des domaines essentiels, comme les sciences, les mathématiques et les langues», constate M. Hatem Ben Salem, d’entrée. Pour cette raison, «notre système éducatif a un grand besoin d’évoluer» car «les ressources humaines tunisiennes ne peuvent pas se former dans un système désuet».
Pour redresser la barre, le ministre de l’Education et de la Formation professionnelle a lancé de nombreux chantiers depuis son arrivée à ce poste en août 2008.
Le premier d’entre eux est celui de la révision du mode de fonction et d’administration du système éducatif qui se met à la gestion par objectifs. Et la nouveauté la plus importante dans ce domaine est l’adoption d’un budget par objectifs qui sera présenté –en même temps que le budget habituel, souligne le ministre- lors de la discussion du budget d’Etat au titre de l’année 2011.
En outre, un processus de décentralisation a été initié en faveur des directions régionales de l’administration «afin de responsabiliser les régions».
Le deuxième chantier est celui de la mise à niveau des enseignants, puisque la baisse de niveau des élèves leur est imputable, au moins en partie. Par exemple, les enseignants «ne maîtrisent plus les langues étrangères» et cela est imputable au fait que sous la pression de la situation, «à un moment donné, nous avons recruté sans être regardants sur le niveau».
Pour pallier à ces faiblesses, d’importants programmes de formation dans les langues et les TIC –en partenariat avec Microsoft et Intel- ont été mis en place car «nous n’acceptions que les élèves préparent les cours de leurs professeurs sur Powerpoint», clame le ministre. Et ce programme semble susciter un véritable engouement puisque 50.000 enseignants sur un total de 140.000 s’y sont inscrits et 25.000 en ont déjà bénéficié.
Troisième niveau d’intervention, les élèves. Comme «aucun expert ou stratège ne peut dire aujourd’hui où se situeront les point de force de l’emploi dans les 15-20 ans et quels seront les profils idoines capables d’intégrer le marché», constate le ministre, son département a pris la décision «de préparer nos élèves à ce futur incertain en revenant aux fondamentaux : il n’est pas normal qu’un élève sorte du primaire sans savoir lire, écrire et calculer».
Et pour que les milliers d’ordinateurs achetés cessent d’être sous-exploités, les élèves vont être formés à utiliser les tableaux interactifs intelligents. L’objectif est d’atteindre un taux respectable d’intégration des TIC –qui, à l’échelle internationale, va de 7% en France à plus de 90% aux Etats-Unis. Cette expérience commencera à la rentrée 2010.