La Bourse de Paris assaillie par les inquiétudes sur la croissance mondiale

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ège historique de la Bourse de Paris (Photo : Joël Saget)

[03/07/2010 13:19:32] PARIS (AFP) Assaillie par les craintes sur la croissance mondiale, la solidité de la reprise en Chine et la santé de l’économie américaine, la Bourse de Paris a connu une nouvelle semaine de fortes turbulences et est revenue à ses niveaux de l’été dernier.

Sur la semaine écoulée, l’indice parisien a perdu 4,87% pour terminer vendredi à 3.348,37 points, tout près de son plus bas niveau de l’année. Il avait déjà chuté de 4,54% sur la semaine précédente.

“La peur a dominé le marché. Ceux qui craignent un retournement de l’économie ont trouvé dans les chiffres de cette semaine du grain à moudre”, commente Jean-Louis Mourier, stratégiste actions chez Aurel bgc.

La place parisienne n’a guère été rassurée par la succession de médiocres indicateurs macroéconomiques aux Etats-Unis.

Parmi eux, le rebond des inscriptions chômages hebdomadaire aux Etats-Unis a affolé les investisseurs, tout comme le recul prononcé de l’activité manufacturière. Très attendues, les statistiques officielles sur l’emploi américain tombées vendredi se sont avérées mitigées, avec un taux de chômage en baisse mais plus de destructions d’emplois que prévu.

“Les chiffres américains ont changé de tournure, en pire. Même si ce n’est pas complètement inattendu, c’est une chose de prévoir un ralentissement, et une autre de constater qu’il est en train de commencer à se concrétiser”, observent dans une note les économistes d’ING.

La crainte majeure évoquée désormais est celle d’une reprise retombant comme un soufflé (récession en “double creux” ou “en W”), un scénario catastrophe où le timide rebond des derniers mois serait suivi d’une brutale rechute.

“Cela ne me paraît pas crédible, car nous voyons qu’il reste encore beaucoup de soutiens importants à l’économie américaine. Ainsi, la moitié seulement des dépenses prévues par le plan Obama ont été réalisées”, tempère M. Mourier.

La Chine a elle aussi déboussolé les investisseurs, après la révision à la baisse de l’indice composite du Conference Board sur la croissance du pays, puis le ralentissement de son activité manufacturière en juin.

“Sans la prépondérance des économies américaine et asiatique, le modèle de croissance mondiale est susceptible de péricliter. A l’heure où la Chine est perçue comme une locomotive de l’économie, la moindre annonce morose engendre une réaction épidermique des marchés actions”, confirme-t-on chez Saxo Banque.

Les doutes sur la situation de liquidités des banques européennes, dont un millier devait rembourser jeudi un prêt massif à la Banque centrale européenne (BCE), ont également contribué à la fébrilité des investisseurs.

Les inquiétudes persistantes sur les dettes souveraines, enfin, n’étaient pas tout à fait dissipées, malgré une émission obligataire réussie de l’Espagne ayant favorisé un net rebond de l’euro face au dollar.

“Deux incertitudes au moins apparaissent pour la croissance européenne: la probabilité toujours importante d’une restructuration de la dette grecque” et le blocage du marché interbancaire “qui rend les établissement des pays les plus vulnérables encore plus dépendants de la BCE” pour s’approvisionner en liquidités, résument les économistes d’ING.

Les marchés seront d’autant plus attentifs à la réunion de la BCE prévue jeudi. En l’absence d’indicateurs majeurs la semaine prochaine, ils devraient cependant garder l’oeil sur l’indice des directeurs d’achats ISM sur l’activité dans les services aux Etats-Unis, publié mardi.

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