Longtemps marginalisées en raison de la priorité accordée à l’industrialisation intensive au début de l’accès du pays à l’indépendance, les oasis de Gabès, uniques oasis maritimes de la Méditerranée, sont sérieusement menacées par l’expansion urbaine et la pénurie des ressources en eau.
Les études faites sur ces oasis sont concordantes à ce sujet. Certains alarmistes estiment même que si rien n’est fait, ces oasis disparaîtront vers 2030.
Conséquence : des voix s’élèvent de toutes parts pour intensifier les efforts aux fins de réhabiliter ces oasis, de sédentariser les oasiens et d’y créer, en leur faveur, des sources de revenus durables.
Certaines recommandent d’intervenir auprès de l’Unesco pour les déclarer patrimoine de l’humanité.
Erigés en symboles de fertilité par les Egyptiens, représentés par les Carthaginois sur les pièces de monnaie et utilisés par les Grecs et Latins comme ornement lors de célébrations triomphales, les palmiers de ces oasis côtières, uniques en leur genre en Méditerranée, sont considérés comme un patrimoine du bassin de toutes les civilisations Mare Nostrum.
Dans cette optique, les oasis de Gabès ont fait l’objet de plusieurs interventions menées par le Réseau associatif de développement durable au Maghreb (Raddo). Ces interventions ont consisté en des actions de réhabilitation et de sauvegarde basées sur la sensibilisation à l’environnement, à l’agro-écologie, à la gestion économe de l’eau, à la création de valeur ajoutée locale sur les productions oasiennes, ainsi que sur l’écotourisme.
Illustration des efforts déployés à cet effet : la mise en valeur de l’oasis de Chenini avec l’aménagement du fameux jardin de la biodiversité et l’adoption d’une approche participative des communautés locales.
Objectif : régénérer les espèces et variétés menacées, favoriser une gestion durable des ressources naturelles de l’oasis et lutter contre l’appauvrissement biologique.
Autant d’actions qui, pour peu qu’elles soient intensifiées, ne manqueront pas de faire de ces oasis côtières le véritable poumon d’une région dont l’industrialisation ne cesse de croître.
Les réalisations les plus visibles consistent en l’amélioration du système d’irrigation des oasis à travers la construction de canalisations en dur et en plastique. De tels ouvrages ont aidé à économiser d’importantes quantités d’eau, à en dissuader la perte et à mettre en place des réseaux d’épandage des eaux de ruissellement.
L’ensemble de ces projets au financement desquels des crédits d’un montant de plus de 30 millions de dinars ont été alloués a profité aux Oasiens de Gabès, Chenini, Téboulbou, Kettana et Mareth.
Il est prévu que d’autres oasis, dont celles de Ghannouch, Ouedhref, Métouia et El Hamma, bénéficient d’interventions similaires. Celles-ci seront exécutées dans une seconde phase dans le cadre d’une coopération tuniso-japonaise.
Concrètement, cet effort de réhabilitation de ces oasis côtières, qui s’étendent sur 7.000 hectares, a permis d’améliorer le niveau de production des dattes, particulièrement des dattes «Kenta», variété très prisée à l’export.
Autres résultats positifs de la mise en valeur de cette oasis littorale, l’accroissement de la production de grenade. Cette dernière est passée, durant la période 1999-2007, de 16.000 à 25.000 tonnes, dont 3.000 tonnes sont régulièrement exportées. L’augmentation de la production de ce fruit dans ces oasis est un signe révélateur de la réhabilitation des cultures à trois niveaux, une des spécificités des oasis.