Affaire Bettenouvrt : la crainte d’une prise de contrôle suisse de L’Oréal

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éal Lindsay Owen-Jones, son épouse Cristina, et Liliane Bettencourt le 20 novmebre 2002 à Paris (Photo : Joel Saget)

[06/07/2010 09:08:07] PARIS (AFP) L’affaire Bettencourt, dans son volet familial, a relancé les craintes en France de voir L’Oréal, numéro un mondial des cosmétiques et joyau de l’industrie du pays, passer sous le contrôle du géant suisse Nestlé.

Fondé en 1909 par le père de Liliane Bettencourt, la femme la plus riche de France, L’Oréal est toujours aujourd’hui majoritairement contrôlé par la famille, à travers une holding qui détient 31% des parts. Allié aux Bettencourt depuis 1974, Nestlé en contrôle toujours aujourd’hui 29,8% du capital.

Liliane Bettencourt se trouve aujourd’hui au centre d’une polémique aux multiples facettes, qui atteint le gouvernement et le président Nicolas Sarkozy.

Mais à l’origine, l’affaire Bettencourt est avant tout un conflit familal entre une mère et sa fille. Cette dernière, Françoise Bettencourt-Meyers, accuse un photographe mondain, François-Marie Banier, d’avoir abusé de la faiblesse de sa vieille mère pour obtenir d’elle des dons atteignant 1 milliard d’euros.

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à Paris (Photo : Patrick Kovarik)

Elle a même demandé à la justice, sans succès, que sa mère soit placée sous tutelle.

Liliane Bettencourt et ses avocats ont eux-mêmes contribué à relancer les spéculations sur l’intérêt de Nestlé pour ce fleuron industriel, qui pèse près de 47 milliards d’euros en Bourse et emploie quelque 65.000 personnes.

A plusieurs reprises, ils ont assuré que la plainte de la fille de Liliane Bettencourt pour “abus de faiblesse” contre François-Marie Banier, avait pour but de lui assurer le contrôle du groupe, afin de revendre les parts à Nestlé.

Une idée que réfute fermement Françoise Meyers-Bettencourt.

Mais une telle éventualité pourrait expliquer l’intérêt du pouvoir politique pour cette affaire, que semblent accréditer les enregistrements pirates faits au domicile de la milliardaire lors de conversations avec son gestionnaire de fortune, Patrice de Maistre.

“Cette affaire peut effectivement remettre en cause l’avenir de l’une des plus grandes entreprises françaises”, a reconnu récemment la ministre de la Justice, Michèle Alliot-Marie.

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é le 20 nvoembre 2002 à Paris (Photo : Joel Saget)

“C’est toujours la même histoire depuis dix ans…”, soupire un analyste qui a tenu à rester anonyme, rappelant les rumeurs récurrentes sur l’attrait du suisse pour le français. Lui ne croit pas que l’acquisition de L’Oréal puisse rentrer dans la stratégie de Nestlé, “qui cherche aujourd’hui beaucoup plus à développer son propre +business+”.

Une prise de contrôle de Nestlé à la faveur des déchirements judiciaires des Bettencourt apparaît d’ailleurs difficile. Liliane Bettencourt a cédé en 2004 ses actions à sa fille et ses petits-enfants en nue-propriété.

En clair, elle contrôle les droits de vote et touche toujours les dividendes de ses actions (278 millions d’euros cette année), que sa fille et ses petits-enfants détiennent légalement, mais sans pouvoir les céder.

En outre, Nestlé, dont le directeur général s’est récemment prononcé pour le statu quo, et la famille sont liés par un pacte d’actionnaires: celui-ci interdit aux deux parties d’accroître leur part jusqu’à six mois après le décès de Liliane Bettencourt.

Il leur accorde également jusqu’en 2014 un droit de préemption si l’une d’elles venait à vendre ses parts.

Même un éventuel placement sous tutelle de Liliane Bettencourt n’assurerait pas nécessairement le contrôle des parts familiales à sa fille, puisqu’un mandataire serait alors désigné par la justice.

Mais pour certains analystes, la prise de contrôle de L’Oréal et de ses marques (Lancôme, Biotherm, Armani, Cacharel, etc…) aurait un intérêt certain pour Nestlé. Avec “un milliard de nouveaux consommateurs dans les pays émergents”, le groupe a tout intérêt à se diversifier et à élargir sa gamme de produits, résume Pierre Tegner, d’Oddo Securities.