à Washington (Photo : Mandel Ngan) |
[08/07/2010 04:28:07] HONG KONG (AFP) Le Fonds monétaire international a écarté jeudi la possibilité d’une nouvelle récession mondiale, malgré les turbulences traversées par un secteur financier de moins en moins stable, avec la montée de la dette publique de nombreux pays.
“La reprise mondiale se poursuivra, malgré davantage de turbulences financières” provenant des marchés de la dette publique, a affirmé l’institution multilatérale dans une actualisation de ses prévisions économiques publiée à Hong Kong.
Un premier semestre meilleur qu’anticipé, “principalement grâce à une croissance robuste en Asie”, a permis un relèvement de la prévision de croissance mondiale pour 2010, à 4,6% contre 4,2% estimé en avril.
Par pays, la prévision a été relevée pour la plupart des plus grandes économies, comme les Etats-Unis (à 3,3%), le Japon (0,5%) et la Chine (10,5%). Mais elle a été inchangée pour la zone euro (1,0%) et abaissée pour la France (1,4%) et la Grande-Bretagne (1,2%).
Le FMI souligne longuement les risques, qui “se sont fortement accrus” depuis avril, que ces prévisions soient trop optimistes si les perturbations sur les marchés financiers empiraient.
“Les progrès vers la stabilité financière mondiale ont récemment connu un revers. Les risques sur la dette publique dans certaines partie de la zone euro se sont matérialisés et étendus sur le secteur financier dans cette région, menaçant de se répandre dans d’autres régions et de générer de nouveau une spirale négative gagnant l’économie”, a-t-il expliqué.
La menace consisterait en une anticipation de pertes pour les banques, et une montée des taux d’intérêt.
“L’offre de crédit bancaire pourrait être entravée par la hausse de l’incertitude quant à l’exposition du secteur financier aux risques en matière de dette publique, et par une hausse des coûts de financement, notamment en Europe”, a précisé le Fonds.
Comme autre source d’instabilité, le FMI a mentionné le marché des changes. “La confluence des risques dans les prêts aux Etats, le secteur bancaire et la macroéconomie a aussi accru le potentiel d’un ajustement désordonné dans les taux de changes”, a-t-il estimé, se référant en particulier à la baisse de l’euro depuis le début de l’année.
Dans un contexte de faible inflation, le FMI a estimé que certaines banques centrales pourraient être amenées à apaiser ces tensions en assouplissant encore leur politique monétaire “si les risques menaçant la croissance se matérialisent”.
Comme elles ne peuvent abaisser leur taux d’intérêt directeur, “déjà proche de zéro”, elles pourraient “avoir à passer par une utilisation de leur bilan”, en injectant de nouvelles liquidités dans l’économie.
Le FMI a répété aux gouvernements les conseils qu’il donne depuis plusieurs mois, sinon plusieurs trimestres.
“Des plans de consolidation budgétaire à moyen terme ‘favorables à la croissance’ sont nécessaires d’urgence”, a-t-il dit, reprenant une expression qu’avait inscrite le groupe des pays riches et émergents du G20 dans un communiqué publié à l’issue du sommet de Toronto (Canada) le 27 juin.
Il a aussi appelé à “rendre opérationnel le nouveau mécanisme européen de stabilisation financière”. Ce gigantesque plan de soutien aux Etats de la zone euro qui seraient en difficulté, doté de 750 milliards d’euros, a fait l’objet d’un accord entre dirigeants européens en mai.