Après l’introduction de la formation professionnalisante et du système LMD, l’université va –prochaine étape de la réforme- changer de mode de gouvernance pour cesser d’être gouvernée «par le haut». Explications de M. Refaat Chaabouni, secrétaire d’Etat auprès du ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique.
L’université tunisienne se porte mal. Plus personne ne conteste cette réalité, y compris les responsables du secteur, dont M. Refaat Chaabouni, secrétaire d’Etat auprès du ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique. Et redresser la barre sera une œuvre de longue haleine, ainsi que l’a souligné M. Chaabouni, en ouverture de la Conférence nationale sur la formation universitaire et les enjeux de la compétitivité, organisé par l’Institut arabes des chefs d’entreprise (IACE), mercredi 7 juillet 2010. «Nous espérons passer au cours des prochaines années à un autre stade de développement économique basé sur des activités à valeur ajoutée et l’innovation», a-t-il clamé.
Un défi qui «nécessite une grande réforme ou la poursuite des réformes engagées dans la fiscalité, l’investissement, la convertibilité du dinar et les ressources humaines». Cette dernière concerne essentiellement l’université qui «a été confrontée à plusieurs défis», rappelle le secrétaire d’Etat.
Le premier d’entre eux est l’explosion du nombre d’étudiants, passé de 44.000 en 1987 à 370.000 en 2009. Auxquels vont s’ajouter 85.000 bacheliers fraichement diplômés. Pour y répondre, on a augmenté le nombre des institutions universitaires et développé la formation professionnalisante. Comme cet exercice est «très complexe et nécessite beaucoup de moyens», on a «adapté dans les années 2000 la partie académique pour la rendre pré-professionnalisante et qualifiante». Ce qui nécessite «une adaptation pédagogique des enseignants qui n’ont pas été formés pour cela et un changement d’attitude des entreprises pour prendre des étudiants en stage et les accompagner». D’ailleurs, «on est encore dans une étape de régulation qui va demander du temps», observe le secrétaire d’Etat. Qui annonce qu’«ensemble on va essayer d’y remédier».
Le deuxième défi concerne «le modèle identitaire, français en l’occurrence» et qui se caractérise, selon M. Chaabouni, «par une dichotomie totale entre l’université et le système des formations supérieures professionnalisantes». Cela veut dire que «notre université est construite selon ce modèle et la formation professionnalisante y est récente et pas nombreuse. Aujourd’hui, elle ne représente que «30% des diplômés».
L’introduction de la formation universitaire professionnalisante s’est accompagnée  d’une réforme : la mise en place du système LMD afin que «les diplômes soient conformes au “main stream“, c’est-à -dire à ce qui se fait dans le monde», constate M. Chaabouni.
Le troisième défi est celui de la gouvernance. Au fur et à mesure que le nouveau système «se stabilise, les universités deviendront actives, réactives et proactives grâce à un nouveau système de gouvernance» qui va être ouvert. Les universités cesseront alors d’être gouvernées «par le haut».