Les Hôpitaux de Paris font le tri dans leur étonnant patrimoine

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érieure en date du 3 juillet 2010 de la façade du siège de l’Assistance publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP) (Photo : Francois Guillot)

[09/07/2010 09:17:23] PARIS (AFP) Quel grand propriétaire, endetté notoire, possède un bureau de poste et des écoles à Paris, un stade à Ivry, un château, un manoir et des dunes ? Réponse: les Hôpitaux de Paris, qui ont entrepris de faire le tri dans un patrimoine imposant et parfois insolite.

Pour le quatrième propriétaire foncier de la région (après Paris, l’Etat et la SNCF), céder des biens n’est pas une nouveauté. Mais l’Assistance publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP) a décidé d’accélérer la cadence, pour pouvoir continuer à investir malgré ses difficultés financières.

“Nous voudrions passer de 10 millions d’euros de cessions par an au double ou au triple”, explique à l’AFP le directeur général de l’AP-HP, Benoît Leclercq, précisant que les recettes iront “exclusivement vers des investissements hospitaliers”.

Après un nouveau déficit en 2009, d’environ 96 millions d’euros, l’ambition n’est donc pas d’équilibrer les comptes à coups de cessions. Il s’agit de dégager des ressources pour moderniser un patrimoine inadapté à la médecine moderne… et de se débarrasser de ce qui n’a rien à voir avec la médecine.

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érieure en date du 7 juillet 2010 d’un bureau de poste avenue du Général Leclerc appartenant à l’Assistance publique-Hôpitaux de Paris (Photo : Flore Giraud)

L’inventaire est impressionnant: le foncier déborde largement l’Ile-de-France, s’étend sur 1.250 hectares, auxquels s’ajoutent 3,5 millions de m2 de bâtiments sur 50 sites hospitaliers, et des milliers de logements.

Les Hôpitaux de Paris sont aussi à la tête de centaines d’hectares de terres agricoles et de forêts. L’héritage d’un temps où les hôpitaux vivaient en autarcie, avec leurs propres champs pour nourrir les indigents.

Plus étonnant, ils ont possédé le Théâtre Mogador à Paris, cédé en 2006 pour plus de 5 millions d’euros. Il y a eu aussi une mosquée à Bobigny, une station service, des hôtels et des stades.

Ce rayon des insolites a tendance à se vider, mais on y trouve encore quelques perles: un bureau de Poste, des écoles élémentaires et deux lycées à Paris, un stade à Ivry-sur-Seine (Val-de-Marne), des dunes à Berck (Pas-de-Calais) ou encore un manoir à Roscoff (Finistère) et le Château de Cercamp dans le Pas-de-Calais.

“Les hôpitaux, y compris en province, ont longtemps reçu des legs de toutes sortes de la part des grandes fortunes, et à Paris, lieu de concentration de la richesse, l’AP-HP a reçu les plus prestigieux”, indique l’historien Christian Chevandier, spécialiste de l’hôpital.

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érieure en date du 3 juillet 2010 d’une école élémentaire appartenant à l’Assistance publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP). (Photo : Francois Guillot)

Aujourd’hui, alors que les dépenses hospitalières sont dans la ligne de mire du gouvernement, “il faut faire la démonstration que nous utilisons au mieux nos richesses”, fait valoir M. Leclercq. Exit donc les insolites, les forêts et les terres agricoles, qui seront systématiquement vendus ces prochaines années. A Paris, huit immeubles haussmanniens non destinés aux personnels vont être bientôt mis en vente.

Les restructurations en cours, qui provoquent de vifs remous en interne, libèrent parfois par le jeu des regroupements de moyens, des bâtiments entiers comme ceux de l’hôpital Saint-Vincent-de-Paul, dont l’AP-HP compte tirer autour de 130 M EUR.

Pour disposer d’une vitrine, la direction lancera à la rentrée un site internet. Tous les biens à vendre y seront présentés “en toute transparence”. On pourrait à terme y voir apparaître le prestigieux siège de l’AP-HP, qui se dresse face à l’Hôtel de Ville en plein coeur de la capitale. L’idée d’une cession n’est plus un sujet tabou pour la direction, même s’il fait grincer des dents au sein du personnel.

“Plus qu’un gain financier, céder le siège marquerait symboliquement le souhait de couper le cordon avec la Ville de Paris”, estime M. Chevandier.