Tunisie : Du chômage des diplômés

Cette problématique est vieille comme le temps, il est plus difficile de trouver
un plombier qu’un diplômé surtout en ces temps de chaleur. Si on revient à
l’étymologie de chaque mot, en latin, un diplômé a en sa possession un «document
officiel présenté sur un feuillet plié en deux» ; et s’il est en chômage, c’est
parce que ce mot vient du latin “caumare“ qui veut dire “se reposer durant la
chaleur”.

D’ailleurs, savez-vous d’où vient le mot travail ? De «tripalium», un instrument
de torture… Alors, avec cette chaleur, aller se faire torturer, pas question !

Mais bref, de plaisanterie, ce problème se pose bel et bien car le nombre de
diplômés du supérieur sans emploi augmente. Malheureusement, celui des
techniciens sans emploi baisse. Actuellement il est plus difficile de trouver un
plombier qu’un docteur d’Etat en mécanique des fluides, et un super génie de
l’informatique que quelqu’un qui vous fait redémarrer votre laptop devenu
soudainement silencieux.

Alors, encore une fois, où est le mal, y a-t-il inadaptation entre l’offre et la
demande ? Faut-il surproduire pour mieux trier ? Et donner un diplôme à
quelqu’un n’est-ce pas lui fermer certaines portes qui peuvent souvent être
rémunératrices ? Va-t-on arriver au syndrome occidental où un diplômé c’est un
tronc derrière un clavier qui ne salit pas les mains dans le cambouis ?

Nous, au Sud, avons la chance de voir les expériences des autres du Nord : le
diplômé égyptien chauffeur de taxi, l’énarque français qui vit hors du temps,
l’opportunisme allemand, et la symbiose université/monde des affaires
américaine, mais aussi la formation diplômante russe où l’ingénieur se salit les
mains pas seulement avec de l’encre….

A ce sujet, je voudrais vous raconter une anecdote qui est arrivée à un
responsable dans un pays européen que la pudeur m’interdit de citer. Il y a
quelques années, ce dernier, nommé à la tête d’une société de transport, déclina
à la sortie des bureaux le véhicule climatisé et le chauffeur qui se
présentaient pour le ramener à la maison en arguant : “mais je suis dans les
transports, je vais prendre le car !“. Et il s’en alla gentiment attendre au
premier arrêt de bus… Branle bas de combat et le bus que des gens attendaient
depuis une heure apparut miraculeusement et durant une semaine, tout le système
de transport fonctionna dans les temps et cela déplut à tout le monde sauf aux
usagers qui n’en croyaient pas leurs yeux de cette soudaine ponctualité ; mais
cela ne dura pas longtemps, et tout rentra dans l’ordre –si on peut dire– et le
monsieur fut renvoyé dans le frigo d’où il n’aurait jamais dû sortir.

Tout cela pour dire qu’un système économique est un ensemble et qu’une
université qui forme pour former ne peut aller que contre le mur, car il est
contradictoire que, dans un pays comme le nôtre -qui a fait tant de choses en
aussi peu de temps – notre matière grise soit ainsi gaspillée… Les solutions
existent mais il faut que tout le monde s’y mette… Mais ça c’est un autre
problème… réfléchir par cette chaleur? pouah !