Le Premier ministre, Mohamed Ghannouchi, a plaidé, ces jours-ci, pour une maîtrise du déficit budgétaire et des dépenses sociales dont la compensation. M. Ghannouchi, qui intervenait devant le Parlement à l’occasion du débat parlementaire sur le XIIème Plan de développement (2010-2014), a déclaré qu’au-delà du montant fixé pour la compensation (1.500 MDT par an) et d’un déficit budgétaire de l’ordre de 2,7%, il n’est pas exclu que le gouvernement procède à de légers ajustements des prix. Le Premier ministre a tenu à préciser que des mesures d’accompagnement seront prises, parallèlement, à ces ajustements.
Globalement, le XIIème Plan prévoit la poursuite de la réforme de la compensation sans pour autant projeter la suppression définitive de la Caisse Générale de compensation (CPG).
Décryptage : la Tunisie, qui a récolté en contrepartie de cette compensation, la paix sociale, reste attachée au mécanisme de la compensation et continuera à prendre en charge une bonne partie du prix du pain, de la farine, des pâtes, d’huiles végétales, des carburants, du papier scolaire, des médicaments, du transport scolaire, des importations conjoncturelles (viande blanche, œufs, pomme de terre…), mais pas à n’importe prix.
Au-delà des seuils tolérés, les contribuables devront mettre la main dans la poche pour contribuer à cet effort de solidarité qu’exige la compensation. Si rien n’est fait, l’effort de développement du pays, de création d’emplois et de modernisation de l’infrastructure sera, tout simplement, compromis.
Le mot d’ordre est clair : il s’agit de contenir le coût économique de la compensation pour le budget de l’Etat dans des proportions acceptables, et surtout gérables pour le budget de l’Etat.
Pour ceux qui l’ignorent encore, selon des données officielles, la moyenne de compensation par individu a plus que triplé, durant la période 2003-2009. Elle est passée de 20 mille dinars à 75 mille dinars. La valeur de la compensation a atteint son pic en 2008, année marquée par la flambée du prix des hydrocarbures et des denrées alimentaires. La valeur de la compensation s’est élevée, au cours de cet exercice, à 1.048 MDT
Grosso modo, la stratégie arrêtée pour rationaliser la compensation tend à se rapprocher de la vérité des prix et de ramener, à l’horizon 2014, le coût de la compensation à 1,6% du PIB contre 2,4% en 2009.
L’accent sera mis sur la rationalisation de la consommation, la compression des dépenses publiques, la lutte contre le gaspillage, le renforcement du contrôle des circuits de distribution des produits compensés, le développement de la capacité du stockage du pays et le retrait de la liste de compensation les produits dont les prix correspondent au coût de leur production.
Il s’agit, également, de diversifier l’offre des produits de substitution aux produits compensés et d’orienter la demande vers des produits non subventionnés, à l’effet de lutter contre le gaspillage et de ne faire bénéficier de la subvention que ceux qui le méritent.
A titre indicatif, l’huile végétale mise sur le marché a été un franc succès. Ainsi, l’interdiction, depuis 2008, de la vente de l’huile végétale en vrac et la mise sur le marché d’une bouteille d’huile subventionnée à 900 millimes, la consommation annuelle est passée de 170 mille tonnes à 50 mille tonnes.
Il a été décidé, aussi, de limiter la compensation aux ménages, d’en exclure les utilisations à des fins industrielles et de consommation collective (restauration, hôtellerie…) et de renforcer le contrôle des circuits de substitution des produits compensés.
Enfin, dans l’optique de réduire les importations, l’Etat a décidé d’instituer des incitations en faveur de la production agricole locale.