à Tokyo (Photo : Kazuhiro Nogi) |
[15/07/2010 05:40:13] TOKYO (AFP) La Banque du Japon (BoJ) a nettement relevé jeudi sa prévision de croissance du PIB de l’archipel pour l’année budgétaire d’avril 2010 à mars 2011, à +2,6% au lieu de +1,8%, et maintenu son taux directeur inchangé au niveau très bas de 0,10%.
Par rapport aux prévisions d’évolution du produit intérieur brut (PIB) japonais publiées en avril, “une amélioration est attendue durant l’année budgétaire 2010-2011 du fait de l’augmentation de la croissance des pays émergents”, a expliqué l’institut d’émission.
“D’un autre côté, il existe aussi des risques de ralentissement dus à la situation financière internationale”, a averti la BoJ, qui a jugé “nécessaire d’observer l’évolution des finances publiques d’une partie des pays d’Europe”.
Cette révision à la hausse intervient après un geste similaire du gouvernement, qui a relevé en juin sa prévision de croissance à +2,6% contre +1,4% dans son estimation précédente.
La BoJ a en revanche légèrement abaissé sa prévision de croissance pour l’année budgétaire 2011-2012, à +1,9% contre +2,0% attendu auparavant.
Le Japon est sorti au printemps 2009 d’une récession d’un an, la plus sévère depuis 1945. Tirée par les exportations vers les pays émergents, notamment la Chine, la reprise de son économie s’est accélérée récemment, atteignant 5% en rythme annualisé au premier trimestre 2010.
La consommation intérieure, fortement touchée par la crise, montre des signes de redémarrage, bien que cette évolution porte surtout sur l’achat de produits subventionnés par les pouvoirs publics.
La BoJ a par ailleurs ramené de -0,5% à -0,4% sa prévision de recul des prix de détail pour l’année budgétaire en cours, et maintenu qu’elle entrevoyait une légère inflation de 0,1% pour 2011-2012.
Ceci est une bonne perspective pour le Japon dont l’économie est actuellement bridée par le phénomène pervers de la déflation, lequel décourage la consommation des ménages et l’investissement des entreprises.
“Les prix à la consommation baissent en rythme annuel à cause de la mollesse de l’économie d’une manière générale, mais le rythme de ce déclin continue de se réduire”, a observé la banque centrale.
Et d’ajouter: “La BoJ reconnaît que l’économie japonaise fait face au défi essentiel de vaincre la déflation et de retrouver une croissance durable avec une stabilité des prix”.
Le comité de politique monétaire de la BoJ a aussi décidé, à l’unanimité, de laisser son taux directeur inchangé à 0,10%. Ce maintien était attendu, la déflation rendant difficile tout relèvement du loyer de l’argent à court terme. Le taux directeur de la BoJ n’a pas varié depuis décembre 2008.
La BoJ a réitéré qu’elle “maintiendrait un environnement financier extrêmement accommodant”, laissant entendre qu’un prochain relèvement du loyer de l’argent n’était pas à l’ordre du jour.
Lors de sa précédente réunion, l’institut d’émission avait annoncé qu’il allait prêter jusqu’à 3.000 milliards de yens (26,8 milliards d’euros) à son principal taux directeur, aujourd’hui de 0,1%, aux banques afin de les encourager à avancer des fonds aux entreprises de secteurs jugés prioritaires pour la croissance.
Les principaux établissements bancaires japonais ont depuis indiqué qu’ils allaient solliciter ces fonds, consentis pour une durée initiale d’un an mais pouvant s’étendre sur quatre ans au total.
Ce nouveau mécanisme a complété un autre système de prêts à taux très bas mis en place par la BoJ pour les banques, mais alloués pour une durée plus courte et portant sur un montant total plus important, de 20.000 milliards de yens (177 milliards d’euros).