èse fournie par EADS montrant son projet d’avion ravitailleur. |
[18/07/2010 12:04:12] LONDRES (AFP) Le constructeur aéronautique européen Airbus n’a pas l’intention de brader le prix de ses ravitailleurs pour obtenir le méga contrat avec l’armée américaine face à l’américain Boeing, a affirmé le président exécutif de la maison mère EADS.
“Que les choses soient claires, nous voulons gagner de l’argent. Nous préférons perdre (ce contrat) que ne pas gagner d’argent”, a déclaré Louis Gallois, lors d’une rencontre avec la presse à Londres avant l’ouverture lundi du salon aéronautique de Farnborough (au sud de la capitale).
“Boeing a déclaré avoir baissé ses prix. Je ne sais pas, je n’ai pas accès aux prix pratiqués par Boeing et je n’ai pas de commentaire à faire là dessus. Nous avons fixé un prix avec un objectif de rentabilité. Je pense que nous sommes compétitifs”, a-t-il ajouté.
Le Financial Times Deutschland (FTD) a affirmé dans son édition de lundi qu’Airbus aurait baissé d’au moins 10% le prix unitaire de ses ravitailleurs par rapport à son offre de 2008.
Airbus a remis le 8 juillet son offre d’un avion derivé de l’A330 après avoir obtenu un délai de deux mois à la suite du retrait de son ancien partenaire Northrop Grumman.
C’est la troisième fois en moins de dix ans que les deux constructeurs s’affrontent pour décrocher ce qu’Airbus qualifie de “marché du siècle”, évalué jusqu’à 40 milliards de dollars (30,9 milliards d’euros).
En 2003, le contrat avait été attribué à Boeing, avant la révélation d’un grave conflit d’intérêt qui avait contraint le Pentagone à relancer la procédure. En 2008, Airbus l’avait emporté mais la Cour des comptes américaine avait une nouvelle fois tout annulé.
Cette fois, les militaires ont jusqu’à la mi-octobre pour étudier les offres dans les moindres détails. Leur décision, susceptible d’un nouvel appel à la Cour des Comptes, est attendue à la mi-novembre.
Louis Gallois a estimé que le Pentagone rendrait une décision “juste”.
“Ils ont prouvé qu’ils souhaitaient avoir de la concurrence afin d’obtenir le meilleur prix et le meilleur produit pour les contribuables. Le Pentagone s’en tient à un processus extrêmement juste et professionnel”, a-t-il commenté.
Le dirigeant a par ailleurs estimé qu’EADS avait “une chance” de remporter le contrat des ravitailleurs, qui constituerait, en cas de victoire, une “évolution stratégique majeure” pour le groupe qui souhaite fortement se développer aux Etats-Unis.
Mais il a toutefois prévenu qu’il fallait aussi se préparer à “vivre” sans ce contrat si, au final, son offre n’était pas retenue.
La filiale Amérique du Nord d’EADS, créée en 2002, emploie 2.140 personnes et a réalisé en 2009 un chiffre d’affaires de 1,2 milliard de dollars contre 530 millions en 2002. Elle vise un chiffre d’affaires de 10 milliards de dollars d’ici 2020.
Louis Gallois a enfin déploré le report de la décision de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) sur le litige qui l’oppose à Boeing sur des subventions aux lancements d’avions.
“Nous n’aurons une vision équilibrée que lorsque les deux rapports seront rendus”, a-t-il déclaré. “Les deux litiges ne sont pas propices à créer les meilleures conditions de négociation”, a-t-il ajouté, au moment où de nouveaux concurrents, à l’instar des Brésiliens, Chinois ou Russes, se positionnent sur le marché.
L’OMC avait rendu le 30 juin un premier verdict sévère pour l’Union européenne dont des décennies d’aides à l’avionneur Airbus ont été jugées illégales. Elle devait aussi se prononcer le 16 juillet sur les aides américaines à Boeing mais a repoussé son jugement à mi-septembre.