Reprise de General Motors Strasbourg : les salariés appelés aux urnes

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à une manifestation du secteur automobile, le 28 cctobre 2008 à Strasbourg. (Photo : Patrick Hertzog)

[19/07/2010 07:19:34] STRASBOURG (AFP) Pour éloigner la menace d’une fermeture de leur usine, les 1.150 salariés du site General Motors de Strasbourg sont-ils prêts à renoncer à certains avantages et à se rapprocher du coût de la main d’oeuvre au Mexique? Ils en décideront lundi par un vote interne.

Cette usine de boîtes de vitesse, implantée au bord du Rhin, était encore il y a dix ans l’un des plus gros sites industriels en Alsace, avec 2.400 salariés à l’époque. Mais au fil des années, les effectifs ont fondu. Avec la déroute du géant américain, l’usine a été placée en 2008 sous le contrôle de MLC, la coquille chargée de céder les actifs de GM.

Depuis, les salariés vivent dans l’attente d’un repreneur, et craignent pour leur avenir. D’autant que des doutes planent sur la volonté de BMW, le principal client de l’usine, de maintenir ses engagements à l’horizon 2014.

En juin dernier, coup de théâtre: le “nouveau” General Motors, désormais renfloué et détenu à 60% par l’Etat fédéral américain, propose de racheter son ancien site… mais à certaines conditions. “Ils nous ont dit: on vous reprend, mais il faut que le coût de la main d’oeuvre baisse de 10%”, résume Jean-Marc Ruhland, le secrétaire général CDFT du comité d’entreprise.

Car la direction du groupe, aux Etats-Unis, doit décider le mois prochain si elle confie la fabrication de boîtes de vitesse à Strasbourg, ou à une de ses usines au Mexique, où les salaires sont évidemment moindres.

“GM Company ne nous a jamais demandé de travailler comme les Mexicains, mais plutôt de faire un effort pour réduire l’écart avec les coûts pratiqués là-bas”, dit un porte-parole de la direction du site strasbourgeois.

“En contrepartie, GM a pris certains engagements, en garantissant notamment que, si l’usine devait fermer d’ici 2013 faute d’activité suffisante, la direction rembourserait aux salariés les efforts consentis”, ajoute le porte-parole.

Pragmatiques, les élus CFDT de Strasbourg considèrent que le retour de l’usine au sein de GM serait “une bonne nouvelle”. Car “si on leur dit +non+, ils iront voir ailleurs. Et notre avenir sera sérieusement compromis”, analyse M. Ruhland.

En conséquence, la CDFT s’est attelée à “trouver une solution pour faire baisser la masse salariale de manière à ce que ça fasse le moins mal possible aux salariés”. Pas question de réduire les effectifs, ni d’accepter des baisses de salaire brut, dans une usine où “les gens sont plutôt correctement payés”, selon le syndicat.

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ée de l’usine General Motors à Strasbourg (novembre 2008) (Photo : Patrick Hertzog)

L’idée est plutôt de rogner sur différents avantages, comme l’intéressement, les cotisations patronales à la mutuelle de santé, les subventions au restaurant d’entreprise, ou sur les journées de RTT, dont 7 ou 8 (sur 17 par an) disparaîtraient.

Le projet de reprise sera soumis lundi à l’ensemble des salariés, sous la forme d’un référendum interne organisé sous contrôle d’huissier par trois syndicats sur quatre, FO, la CFTC et la CFDT. L’autre syndicat qui “pèse” au sein de GM Strasbourg, la CGT, a toutefois appelé à voter “non” à ce qu’elle qualifie de “chantage de la direction”.

“Nous refusons de signer un chèque en blanc aux dirigeants de GM. Ils ne nous donnent aucune garantie sur l’emploi en contrepartie de ce qu’ils nous demandent”, dit Roland Robert, de la CGT.

“De toute façon, le rôle des syndicats n’est pas de faire baisser le revenu des salariés. Nous n’avons pas à nous comparer aux travailleurs qu’on exploite au Mexique, en Chine ou je ne sais où”.

Même si le “oui” l’emporte, l’attitude de la CGT pourrait avoir une influence déterminante sur la décision finale de GM, qui ne souhaite s’engager que sur la base d’un consensus syndical.