Référendum à GM Strasbourg : gel des salaires et moins de RTT en échange d’une reprise

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és de General Motors participent à une manifestation du secteur automobile, le 28 octobre 2008 à Strasbourg. (Photo : Patrick Hertzog)

[19/07/2010 14:26:53] STRASBOURG (AFP) Les 1.150 salariés de General Motors à Strasbourg votaient lundi pour ou contre la reprise de leur site par la nouvelle entité du groupe américain qui a assorti son rachat à des sacrifices représentant un gel des salaires de deux ans et une renonciation de RTT.

Installée dans la zone industrielle du port du Rhin dont elle est le vaisseau amiral, l’usine fabrique des boîtes de vitesse pour des constructeurs automobiles, dont BMW. Le site de Strasbourg, en recherche d’un repreneur depuis la faillite de GM, est détenu par MLC, une société chargée de céder les actifs de l’ancien constructeur.

General Motors Company (GMC), détenu à 60% par l’Etat fédéral américain, propose une reprise du site sans réduction d’effectif. Mais le “deal” des Américains prévoit en échange d’un carnet de commande étoffé jusqu’en 2014, un gel des salaires sur deux ans, pas d’intéressement jusqu’en 2013 et une renonciation à plus d’un tiers des 16 jours de RTT actuels, soit une baisse de 10% du coût de la main d’oeuvre.

Le vote est destiné à “prendre la température” auprès des salariés, mais il reviendra au final aux seuls délégués syndicaux de signer ou non l’accord.

Contrôlé par huissier, il se déroule “à bulletins secrets comme pour des élections professionnelles”, a précisé Jean-Marc Ruhland, délégué CFDT.

Il devait s’achever vers 23H00 pour permettre à l’équipe du soir d’y participer et les résultats ne seront officialisés que mardi matin en comité d’entreprise.

La CFDT – ainsi que FO et la CFTC très minoritaires sur le site – ont organisé ce vote consultatif avec comme unique question “êtes-vous pour ou contre le projet de reprise du site”.

Pour Mikhaël Lambret, un représentant de la CGT interrogé par l’AFP, “la bonne question aurait plutôt été de voter pour ou contre une réduction de 10% du coût de la main d’oeuvre”. Son syndicat a refusé de coorganiser ce référendum et a appelé à voter non.

Pour Jean-Marc Ruhland (CFDT), “où on claque la porte en disant non au projet ou le groupe s’engage à nous donner un volume additionnel de commandes et un nouveau projet pour 2014”.

“GMC ne s’engagera peut-être pas si un des quatre syndicats ne signe pas”, craignait-il lundi après-midi alors que la participation était qualifiée de “bonne”.

La direction de GMC souhaite un consensus syndical mais Roland Robert de la CGT a harangué ses troupes en déclarant: “nous n’avons pas à nous comparer aux travailleurs qu’on exploite au Mexique, en Chine ou je ne sais où”. La direction du groupe, à Detroit, a en effet mis en balance le site alsacien avec une usine au Mexique, où la main d’oeuvre est moins chère.

“La direction de GM Company demande aux salariés de faire un effort et de réduire l’écart avec les coûts pratiqués au Mexique”, a résumé un porte-parole de la direction à Strasbourg.

A la sortie de l’équipe du matin, devant l’établissement ou flottent les drapeaux américain, européen et français, les salariés exprimaient surtout lassitude et résignation.

Frédéric Ostertag, 46 ans et “26 ans dans la maison d’apprenti à technicien” estime qui “si on peut gagner trois ans c’est toujours ça pour la retraite”. Evoquant la promesse de commandes jusqu’en 2014, il ajoute: “après on verra bien, car c’est vrai qu’on a multiplié les plans sociaux”.

Dominique Bleuset constate que la seule suppression des RTT équivaut à un manque à gagner de 600 euros. “Et dans trois ans, on va de nouveau nous demander de perdre 10% de nos revenus?”, s’inquiète-t-il.

Jérome Vuillemerte, 12 ans de GM, a voté “oui, forcément oui” car “cela fait deux ans que l’on patauge déjà dans la choucroute et j’ai des amis au chômage”.