La Suisse ironise sur l’ampleur de la dette dans l’UE

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ésidente de la Confédération helvétique, Doris Leuthard et le prrésident de l’UE, Herman Van Rompuy, le 19 juillet 2010 à Bruxelles. (Photo : Georges Gobet)

[19/07/2010 14:57:37] BRUXELLES (AFP) La Suisse, qui fait figure de modèle de rigueur dans la gestion de sa dette, a invité lundi les pays de l’Union européenne à prendre exemple sur elle en matière de discipline budgétaire, se demandant avec ironie si les critères de Maastricht existaient encore.

Lors d’une visite à Bruxelles, la présidente de la Confédération helvétique, Doris Leuthard, a expliqué que son pays avait un intérêt au redressement économique de l’Union européenne, même si elle n’en fait pas partie.

“Nous sommes solidaires, nous voulons une Europe forte, économiquement crédible”, a-t-elle dit lors d’une conférence de presse aux côtés du président de l’UE, Herman Van Rompuy.

“La Suisse a un niveau de dette de 39% du PIB (Produit intérieur brut), nous remplissons les critères de Maastricht, s’ils existent encore”, a-t-elle ajouté sur le ton de l’ironie. “Et nous espérons que le président (Van Rompuy) réussisse avec son groupe de travail à trouver un mécanisme pour l’avenir qui stabilise la situation, restaure la confiance et positionne à nouveau l’Europe là où elle doit être”, a souligné la présidente suisse.

Les critères de Maastricht sont ceux que les pays candidats à l’entrée dans la zone euro doivent respecter, notamment en matière de limitation du déficit public national annuel (pas plus de 3% du PIB) et de maîtrise de la dette publique (limitée à 60% du PIB).

Ces derniers critères sont aussi ceux que les pays membres de l’Union européenne et de la zone euro doivent respecter dans le cadre du Pacte de stabilité.

Or, le Pacte a volé en éclats avec la crise financière et économique en Europe. La quasi totalité des pays de l’UE, 24 sur 27, font aujourd’hui l’objet de procédures pour déficit excessif. De nombreux Etats dépassent aussi la limite fixée pour la dette.

Face à cette situation, M. Van Rompuy travaille avec les ministres des Finances de l’UE, au sein d’un groupe de travail, sur des solutions pour durcir la discipline budgétaire commune. Il est envisagé en particulier d’introduire de nouvelles sanctions contre les mauvais élèves, telles que la privation de subventions européennes ou la suspension de droits de vote dans l’UE.

La présidente suisse s’est par ailleurs félicitée de la mise en place par la zone euro et le FMI d’un Fonds de soutien de 750 milliards d’euros pour les pays de l’Union monétaire qui seraient confrontés à une grave crise.

Elle a aussi salué le programme de 110 milliards d’euros de prêts déjà accordés sur trois ans à la Grèce, exprimant l’espoir qu’Athènes “pourrait mettre en oeuvre dans le délai imparti les mesures” de rigueur exigées en contrepartie.

“La Suisse a aussi contribué à stabiliser la zone euro, pas seulement comme membre du FMI mais aussi via les achats de notre banque centrale qui sont vraiment une contribution (…) beaucoup plus importante que la majorité des membres de l’UE”, a fait valoir Mme Leuthard.

Elle faisait entre autres référence à des achats importants d’euros sur le marché des changes, qui ont permis de limiter la baisse de la monnaie unique. Ces achats ont été réalisés par la Banque nationale suisse pour empêcher le franc suisse de trop s’apprécier, et soutenir ainsi les exportations suisses.