Suite aux déclarations faites en France par le secrétaire d’État à l’Emploi,
Laurent Wauquiez, à propos d’éventuelles mesures anti-délocalisations des
centres d’appels, la CAREC (Chambre Syndicale Nationale des Centres d’Appels et
de la Relation Client de Tunisie) communique:
Les mesures envisagées par le secrétaire d’État à l’Emploi français, en
particulier celles relatives à la mise en place de taxation des appels ou la
création d’une black liste de prestataires off-shore, nous paraissent totalement
dépassées, inadaptées et sans lien avec les réalités économiques actuelles.
D’ailleurs, elles ne recevraient sans doute pas l’aval de la Commission
européenne, car elles sont ouvertement protectionnistes, discriminatoires
vis-à-vis de la libre concurrence et contraires aux accords commerciaux
internationaux.
Le secrétaire d’État se trompe de cible, les activités prioritairement mises en
œuvre à l’étranger se caractérisent par une structure de coût dans laquelle la
part des ressources humaines est la plus importante, elles s’externalisent donc
logiquement vers des pays où ces coûts sont relativement plus bas. Il en est de
même depuis de nombreuses années dans l’industrie du textile ainsi que pour
d’autres activités de services, IT, back-office, comptabilité….
L’offshore est ainsi devenu un véritable relais de croissance pour bon nombre de
PME et les études récentes démontrent que le métier de la relation client a
trouvé un équilibre et offre aux donneurs d’ordres une palette de solutions
équilibrées entre offshore ou nearshore et onshore.
A cet effet, le secrétaire d’État pourrait s’inspirer de l’exemple des
Etats-Unis d’Amérique, où, malgré la forte délocalisation enregistrée vers les
pays du sud-est asiatique (Inde, Philippines), l’employabilité dans le domaine
des centres d’appels à continué à croître, jusqu’à atteindre les 5% de la
population active. A titre d’exemple, l’employabilité dans les centres d’appels
représente à peine 1,15% de la population active en France, estimée en 2009 à 26
millions.
C’est un combat d’arrière-garde contre l’aboutissement des logiques économiques
internationales à l’œuvre depuis des décennies. Ne conviendrait-il pas plutôt
d’augmenter l’employabilité des jeunes français à long terme, de mobiliser plus
de ressources financières pour la formation, d’inciter à la création d’emplois à
forte valeur ajoutée (finance, assurance, informatique, etc.)?
Quelles que soient les difficultés du marché de l’emploi en France, il est, pour
le moins, paradoxal de proposer des mesures a priori pénalisantes pour des
partenaires économiques historiques importants, telle que la Tunisie, alors que
dans le même temps des stratégies volontaristes sont déployées pour renforcer
les coopérations économiques dans l’espace euro-méditerranéen avec des objectifs
d’intégration économique et de maîtrise des flux migratoires.
La CAREC, consciente de la nécessité d’engager une action concertée
d’explication et d’information, va se rapprocher des organisations
professionnelles représentatives des rives sud de la Méditerranée pour proposer
une réflexion conjointe sur les réalités du secteur, qui permettraient dans le
futur d’éviter de nous désigner comme des boucs émissaires.