Barack Obama donne le coup d’envoi de la réforme de Wall Street

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ésident américain Barack Obama le 19 juillet 2010 à Washington, DC (Photo : Saul Loeb)

[21/07/2010 15:08:08] WASHINGTON (AFP) Le président américain Barack Obama devait promulguer mercredi le plus vaste projet de réforme de la régulation du système financier américain depuis les années 1930, dont la mise en application pourrait prendre des mois, voire des années.

“Ces réformes représentent les plus fortes protections du consommateur de l’histoire”, a estimé M. Obama dans des extraits publiés à l’avance du discours qu’il doit prononcer à cette occasion.

“Ces protections seront appliquées par un nouveau régulateur ayant une seule mission: faire attention aux gens, non aux grandes banques, aux organismes de prêt, aux investisseurs”, a-t-il ajouté. “Ce n’est pas seulement bon pour les consommateurs, c’est bon pour l’économie”, selon lui.

Mais ce projet de loi hors normes mettra du temps à entrer en application. Les régulateurs chargés de superviser le système financier américain doivent encore écrire de nombreuses réglementations, souvent complexes, pour permettre aux nouvelles mesures d’entrer en vigueur.

Selon des analystes de l’agence de notation Moody’s, les règles à définir devraient notamment prévoir une chambre de compensation centrale, plus de transparence, des exigences plus élevées en termes de marges et de capitaux, voire des plateformes boursières pour les produits dérivés.

Pour M. Obama le texte adopté au Congrès la semaine dernière, avec un ultime vote au Sénat qui a clos des mois de discussions, va mettre fin aux “affaires louches” qui ont provoqué la crise financière qui avait culminé à l’automne 2008 aux Etats-Unis.

Le texte, de plus de 2.300 pages prévoit notamment, comme l’a souligné M. Obama, la création d’un organisme de protection des consommateurs de produits financiers au sein de la banque centrale (Fed). Il empêche le sauvetage de grandes institutions financières aux frais des contribuables.

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La Bourse de New York sur Wall Street (Photo : Stan Honda)

Les opposants à la réforme — certains représentants de l’industrie financière et les adversaires républicains de M. Obama — estiment que la nouvelle loi va faire payer l’ensemble du secteur pour les péchés de quelques uns. John Boehner, le chef de la minorité républicaine de la Chambre des représentants, a déjà appelé à son abrogation.

Sur le plan international, la régulation financière rencontre aussi des résistances. Les efforts du Comité de Bâle sur le contrôle bancaire (CBCB) pour renforcer la régulation sont menacés par certains de ses membres, estime mercredi dans le Financial Times Sheila Bair présidente de la FDIC, l’un des régulateurs américains.

“Il y a un petit nombre [de membres du Comité] qui sont sans doute en train de succomber quelque peu aux arguments du secteur selon lesquels si nous relevons les exigences en matière de capital, alors nous allons étouffer la reprise”, dit-elle.

La réforme de Wall Street est le deuxième texte majeur de ce type adopté au Congrès sous l’administration Obama, après la loi visant à étendre la couverture maladie en mars.

Le président doit signer le nouveau texte mercredi au centre de conférence Ronald Reagan à Washington, faisant ainsi un clin d’oeil au président républicain réformateur.

Toutefois, M. Obama n’a pas encore touché les dividendes politiques de son action à moins de quatre mois des élections législatives de mi-mandat. Dans le tout dernier sondage de l’université de Quinnipiac publié mercredi, 44% des personnes interrogées sont satisfaites du travail du président, contre 48% qui ne l’approuvent pas.