Etats-Unis : le président de la Fed juge inutile d’en faire plus pour l’économie

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ésident de la Fed Ben Bernanke, lors de son audition au Capitole à Washington le 22 juillet 2010 (Photo : Alex Wong)

[22/07/2010 17:14:38] WASHINGTON (AFP) Un nouvel indicateur publié jeudi a mis en évidence une fois de plus la faiblesse du marché de l’emploi aux Etats-Unis, mais le président de la Réserve fédérale, Ben Bernanke, juge inutile d’engager son institution sur la voie d’un soutien accru à l’économie.

Le président de la banque centrale avait fait allusion mercredi aux risques de déflation et de rechute de l’activité qui pèsent sur l’économie américaine, affirmant que la Fed était prête à prendre de nouvelles mesures pour empêcher qu’ils ne se réalisent.

Pour le deuxième jour de son audition semestrielle au Capitole consacrée au bilan de la politique monétaire, M. Bernanke a insisté sur le fait qu’il était inutile, pour l’instant, que la Fed en fasse davantage et a incité les élus à faire avancer les divers projets gouvernementaux de relance (aide aux PME, soutien aux emprunteur) qui s’enlisent au Congrès.

“L’emploi est le problème le plus important auquel nous faisons face en ce moment”, a déclaré M. Bernanke, alors que le taux de chômage atteint 9,5% et que les chiffres du ministère du Travail publiés jeudi ont montré un fort rebond des nouvelles inscriptions au chômage.

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à Washington le 22 juillet 2010 (Photo : Alex Wong)

“Cependant, une fois de plus, le scénario sur lequel nous nous fondons est le suivant: on continuera d’observer une croissance économique modérée une fois passés les effets de la crise financière européenne”, a-t-il dit.

Deux autres indicateurs publiés jeudi sont venus abonder en son sens, s’avérant moins mauvais que ne le redoutaient les analystes.

L’indice composite des indicateurs économiques américains est reparti en baisse en juin, de 0,2% par rapport au mois précédent.

Ce recul annonce “un ralentissement de la croissance jusqu’à la fin de l’automne”, a indiqué le Conference Board, l’institut de conjoncture privé qui établit cet indice.

Il a néanmoins insisté sur le fait que cet indice avait été plombé par les difficultés du secteur de la construction et la baisse de la Bourse en juin, les autres composantes ayant connu une progression “généralisée”.

L’autre indicateur, publié par l’Association nationale des agents immobiliers (NAR), a montré un recul des ventes de logements anciens en juin de 5,1% par rapport à mai.

La NAR a lié cette baisse à l’approche de la fin d’un dispositif fiscal ayant fortement contribué à stabiliser le marché et estime toujours que les ventes augmenteront sur l’ensemble de l’année par rapport à 2009.

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économiste Paul Krugman à Hong Kong le 22 mai 2009 (Photo : Mike Clarke)

Trois points noirs entravent actuellement la reprise de l’économie américaine: le niveau élevé du chômage (qui limite la marge de progression de la consommation, moteur traditionnel de la croissance), les difficultés du marché immobilier et de la construction de logements, et la situation adverse qui pèse sur les PME, premières créatrices d’emplois du pays.

Plusieurs économistes, dont le prix Nobel Paul Krugman, ont appelé la Fed, qui dispose d’une capacité d’action gigantesque, comme elle l’a prouvé au plus fort de la crise, à stimuler davantage l’économie pour éviter le désastre d’une rechute doublée d’une déflation alors que l’activité reste faible et l’inflation très basse.

Son taux directeur étant au plancher depuis plus d’un an et demi, la Fed ne peut guère prendre de nouvelles mesures de soutien à l’économie sans que celles-ci sorte du cadre de la politique monétaire “traditionnelle”.

La Fed a les moyens d’agir, a dit M. Bernanke dans un souci évident de rassurer, mais, a-t-il fait valoir, chacune des possibilités qui s’offrent à elle à ses “inconvénients”.