Les petits commerces de plus en plus nombreux à la campagne

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Une coiffeuse coupe les cheveux d’une cliente, dans un salon de coiffure (Photo : Denis Charlet)

[23/07/2010 06:26:24] PARIS (AFP) A rebours de nombreuses idées reçues, les petits commerces en milieu rural, comme les coiffeurs ou les agences immobilières, augmentent sans cesse depuis quinze ans, à la faveur notamment de l’installation loin des grandes villes de retraités.

C’est du moins ce que montre une étude de l’Insee publiée vendredi: entre 1993 et 2008, le nombre d’établissements par habitant a ainsi augmenté de 1% en moyenne chaque année dans l’espace rural –un pourcentage bien plus élevé qu’en milieu urbain (+0,6%).

L’évolution est particulièrement spectaculaire dans certains secteurs, comme les agences immobilières dont le nombre a crû cinq fois plus vite, en moyenne annuelle, dans l’espace rural que dans l’espace urbain. Et le rythme de croissance est deux fois plus élevé pour les agences de voyages ou la coiffure, a calculé l’Insee.

Seuls les restaurants rapides ont davantage progressé dans l’urbain que le rural, d’après l’étude.

Résultat, “en 2008, les petites agglomérations rurales sont presque aussi bien équipées que l’espace urbain”, estime l’Institut national de la statistique.

A cela plusieurs explications, confie à l’AFP Jérôme Accardo, responsable de la division services à l’Insee. “Dans l’ensemble, il y a un effet de saturation dans les centres des pôles urbains et il y a dans les zones rurales l’implantation d’une nouvelle clientèle”, selon lui.

“Il y a un certain nombre de ménages qui s’installent dans les zones rurales, notamment les personnes âgées qui peuvent avoir quitté les centre-villes urbains pour les centre-villes ruraux”, avance M. Accardo.

En témoigne la nature des services qui progressent en milieu rural, comme les soins de beauté –qui ont la faveur des seniors–, les pompes funèbres ou encore les agences de voyages.

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ère (Photo : Lionel Bonaventure)

En 2008, 55% des habitants en zone rurale pouvaient ainsi trouver des soins de beauté à moins de 5 km de chez eux, contre seulement 36% en 1993. 86% de la population dans l’espace rural est aussi à moins de 5 km d’un coiffeur et ils sont deux-tiers à disposer d’une agence immobilière à cette même distance, contre 50% en 1993.

“Les marchés se déplacent avec l’étalement des villes qui mordent sur les petits bourgs de campagne. C’est aussi une caractéristique de la pression sur les prix: les gens s’éloignent en fonction de leur pouvoir d’achat”, explique Bernard Cadeau, président national du réseau immobilier Orpi.

“Le marché est aussi dynamique à Guéret dans la Creuse qu’à Paris!”, abonde Laurent Vimont, président d’un autre réseau, Century 21.

De manière générale, “les néo-ruraux veulent plus de services et la France vieillit, avec des personnes qui ont plus de mal à se déplacer”, explique à l’AFP Claude Risac, directeur des relations extérieures du groupe Casino, dont les enseignes en zone rurale sont de plus en plus “multiservices, avec un point Poste, un distributeur, ou encore un peu de pressing”.

En revanche, le maillage des cafés, tabacs et autres bistrots, s’est distendu au cours des quinze dernières années. Et l’offre culturelle reste limitée: seuls 10% de la population en milieu rural ont un cinéma à moins de 5 km de leur commune, contre 12% en 1993.

Surtout, prévient l’Insee, ce sont surtout les centre-villes des zones rurales qui sont concernées par cette progression des services. En pleine campagne, les zones dites “rurales isolées” restent sous-équipées, avec surtout des établissements traditionnels comme le café et le salon de coiffure.

Par ailleurs, l’étude de l’Insee se concentre exclusivement sur les commerces –sauf ceux d’alimentation– sans s’intéresser par exemple aux services publics dont la raréfaction en milieu rural suscite régulièrement la polémique.