Tunisie- Faut-il encourager l’investissement privé dans les technopoles?

Inexistant il y a une dizaine d’années, les parcs technologiques constituent
aujourd’hui une composante de plus importante du paysage scientifique,
technologique et industriel national. Car les pouvoirs publics ont décidé
d’étendre ce réseau jusqu’à avoir un parc par gouvernorat.

parc-tech-26072010-art.jpgCette stratégie s’inscrit, selon Sayda Bel Hadj Ammar et Mokhtar Amami
(enseignants respectivement à l’Institut Supérieur de Comptabilité et
d’Administration des Entreprises
Campus universitaire de La Manouba, et au Royal
Military College of Canada), «dans le cadre d’une stratégie nationale ambitieuse
visant l’instauration de la société d’information ; et accordant une priorité
absolue à la promotion de l’industrie, de la recherche et de l’innovation dans
les secteurs à forte valeur ajoutée basés sur l’intelligence créative et la
haute technologie».

La loi n°2001-50 du 3 mai 2001, relative aux entreprises des pôles
technologiques, leur assigne plusieurs objectifs : «développer des compétences
de haut niveau capables de gérer les projets innovants, favoriser la recherche
scientifique, promouvoir l’innovation technologique, favoriser l’incubation et
la création d’entreprises innovantes par la valorisation des résultats de la
recherche, stimuler la création d’emplois, en particulier pour les diplômés de
l’enseignement supérieur, améliorer la compétitivité de l’entreprise tunisienne,
promouvoir le partenariat public-privé et favoriser l’investissement direct
étranger».

Mais qu’il est loin le temps du lancement du
parc technologique El Ghazala, créé
en 1997 et entré en activité en 1999 ! D’abord, la Tunisie ne compte plus un
mais bien dix technopoles couvrant différents secteurs d’activité et régions
–Bizerte (industrie agroalimentaire),
Sidi Thabet (biotechnologie et industrie
pharmaceutique),
Borj Cedria (énergie, eau, environnement et biotechnologie),
Sousse (mécanique, électronique et informatique), Jendouba (agriculture),
Monastir (textile), Gafsa (substances utiles), Médenine (valorisation des
ressources du Sahara) et Sfax (informatique, multimédia et télécommunication).

Ensuite, le profil des promoteurs de ces technopoles est en train de changer.
Alors que l’Etat était –et est encore- seul impliqué dans le parc El Ghazala
–dédié aux entreprises et technologies de la communication-, les neuf autres
sont l’œuvre conjointe d’opérateurs publics et privés.

A titre d’exemple, les technopoles de Sidi Thabet (Institut Pasteur de Tunis,
SIPHAT, Sicar Amen Bank, STB, BH, et ATB), Sousse (Amen Bank, BTK, BFPME, et
Tuninvest Finance Group) et de Sfax (Tunisie Telecom, Amen Bank, ATB, BH, La
Poste Tunisienne, Telnet et Poulina) sont le fruit d’un partenariat
public-privé.

Et de la même manière qu’il a conquis d’autres secteurs relevant jadis du
domaine exclusif de l’Etat –l’aménagement des zones industrielles, par exemple-,
le secteur privé pourrait ne plus investir dans les technopoles par simple sens
du devoir mais bien parce qu’il y voit un créneau prometteur. C’est ce qu’ont
déjà fait les groupes (Mzabi, One Tech, Hédi Bouchamaoui) et les hommes
d’affaires (Farès Mabrouk, Ahmed Baslah) ayant constitué le tour de table de la
société Solartech Sud engagée dans la réalisation de l’Eco-Village solaire
Djerba Zarzis
promu par M. Ahmed Friaa, et qui sera le premier technopole 100%
privé.

Mais pour que l’investissement dans ce secteur puisse attirer un grand nombre
d’opérateurs, il faudrait, comme cela a été souligné par M. Belgacem Mezni, lors
du récent séminaire de présentation des premiers résultats de l’étude de
faisabilité de ce projet, mettre en place des «mesures spécifiques d’appui aux
promoteurs privés de parc technologiques». Un accompagnement dont les pouvoirs
publics ont toujours fait bénéficier les secteurs naissants et prometteurs et
qui ont beaucoup aidé à leur décollage.