A Berlin, la grogne monte contre la compagnie aérienne Easyjet et ses retards

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éroport Schoenefeld de Berlin, le 18 février 2010 (Photo : Timur Emek)

[26/07/2010 07:24:41] BERLIN (AFP) Sur les six vols Easyjet prévus à l’arrivée dans l’heure, quatre sont en retard: soirée ordinaire à l’aéroport berlinois de Schönefeld, où la grogne contre la compagnie low cost monte, gagnant même la sphère politique.

Seule Miriam Riemer tempête, son fils part à Glasgow et le vol a presque deux heures de retard. “Et vous croyez qu’elle nous l’aurait dit, l’incapable du guichet? Je retourne la voir lui dire son fait”, fulmine-t-elle.

Mais en règle générale, en ce dimanche soir, les touristes du week-end retournant chez eux sont résignés. Ces dernières semaines, Easyjet s’est illustré par des annulations à répétition et retards monstres. Samedi soir un vol en provenance de Thessalonique affichait cinq heures de retard.

“Mon vol pour Bruxelles a été annulé quatre fois consécutives” il y a quelques semaines, raconte Daniel Holstein, “autour de moi personne n’est épargné, j’ai l’impression que c’est vraiment de pire en pire”.

Sur Facebook, une page allemande nouvellement créée collecte les histoires de passagers laissés en plan et les incite à faire valoir leurs droits.

M. Holstein est assistant de la députée des Verts Bärbel Höhn. Et le constat de manquements fréquents de la compagnie à ses obligations a conduit Mme Höhn, en charge de la Protection du consommateur et des transports, à soulever le problème lors d’une séance de questions au gouvernement.

De la part d’Easyjet, “les annulations ont tout l’air d’une méthode”, juge-t-elle.

L’aéroport de Schönefeld, l’un des deux de Berlin, est la principale plate-forme d’Easyjet hors du Royaume-Uni, avec plus de 30 destinations desservies.

La présence de cette compagnie a beaucoup fait pour la capitale allemande en y déversant des hordes de touristes. Elle a aussi évincé sur certains trajets tous ses concurrents, vers le sud de la France ou vers Bâle par exemple.

La pionnière des compagnies à bas coûts, créée par l’homme d’affaires d’origine chypriote Stelios Haji-Ioannou, a basé son succès sur le “no frills”, l’absence de services. Mais celle-ci prend dernièrement des proportions insoupçonnées, des familles entières étant laissées en plan alors que leurs bagages sont partis, des passagers débarqués et appelés à revenir deux jours plus tard après une heure d’attente vaine dans l’avion.

Ces derniers jours, Easyjet, qui n’a répondu à aucune des demandes d’explication de l’AFP, incriminait la grèves des contrôleurs aériens en France. Un argument qui ne suffit toutefois pas à expliquer la performance bien plus mauvaise que celle de ses concurrentes.

L’Allemagne n’est pas le seul pays concerné. La publication par l’aéroport de Gatwick, au sud de Londres, de statistiques de ponctualité effarantes pour la société — moins de la moitié des vols Easyjet sont à l’heure, selon ces chiffres — a fait se déchaîner la presse britannique, qui a relevé qu’Easyjet était “moins ponctuelle qu’Air Zimbabwe”.

Des commentaires qui ont fait sortir de ses gonds le fondateur M. Haji-Ioannou. Actionnaire d’Easyjet à hauteur de 38%, celui qui a bâti tout un empire autour du concept “easy” est à couteaux tirés avec la compagnie. Dernier épisode en date: un ultimatum lancé en début de semaine dernière à la direction de celle-ci de reprendre les choses en main d’ici octobre, sous peine de se voir retirer la marque “easy”.