îne de surgelés Picard (Photo : Eric Piermont) |
[26/07/2010 16:13:48] PARIS (AFP) Le fonds d’investissement Lion Capital est entré en négociations exclusives avec le fonds BC Partners pour lui racheter le distributeur français Picard Surgelés, selon un communiqué commun diffusé lundi.
Le processus d’information du personnel va débuter d’ici la fin de la semaine et un accord formel sera ensuite signé, d’après les deux fonds. La transaction pourrait alors être bouclée au cours du quatrième trimestre 2010.
Les syndicats FO et CGT ont exprimé auprès de l’AFP leur crainte d’un nouveau “LBO” (leverage buy out, rachat d’une entreprise à crédit par l’endettement).
Le montant de l’offre de Lion Capital, basé à Londres et déjà propriétaire du groupe de surgelés Findus notamment, n’a pas été précisé. Selon une source proche du dossier interrogée par l’AFP, il atteindrait 1,5 milliard d’euros.
Fin mai, BC Partners avait indiqué qu’il envisageait de vendre le premier distributeur de surgelés en France, qu’il avait lui-même racheté en 2004 à plusieurs fonds emmenés par Candover Partners pour 1,3 milliard d’euros.
Depuis, selon la presse, plusieurs sociétés d’investissement avaient manifesté leur intérêt, comme Clayton Dubilier & Rice, Cinven, Eurazeo et CVC, longtemps donné gagnant.
Picard est en effet une société en pleine expansion, dont le chiffre d’affaires a été doublé en dix ans, pour atteindre 1,15 milliard d’euros l’an dernier. Il compte aujourd’hui 823 boutiques en France et 30 en Italie, pour un total de 4.000 salariés, selon un porte-parole.
“Avec ce nouvel actionnaire Picard devrait être en mesure de poursuivre son développement, en France comme à l?étranger, avec une croissance rentable”, a commenté Philippe Rauze, le PDG de Picard, cité dans le communiqué.
“A travers le cycle économique, le groupe a généré constamment des résultats financiers robustes”, a de son côté souligné Lyndon Lea, associé de Lion Capital.
Selon FO, premier syndicat de l’entreprise, “les salariés craignent d’être condamnés à devoir faire beaucoup de bénéfices du fait du probable LBO”. “Il ne faut pas que l’argent prenne le pas sur notre manière de faire du commerce, notre accueil et la qualité de nos produits”, a jugé la déléguée Elisabeth Jousselin.
Pour la CGT aussi, “les fonds s’engraissent sur les salariés, qui sont la dernière roue du carrosse”. Le syndicat a aussi des craintes pour la pérennité de l’un des deux derniers entrepôts Picard, celui de Nemours (Seine-et-Marne) qui est vieillissant, alors que le reste de la logistique est entièrement sous-traité.
Picard était à l’origine une entreprise de commercialisation de pains de glace, créée en 1906 par Raymond Picard sous le nom des “Glacières de Fontainebleau”. Dans les années 1970, son nouveau patron décide de se lancer dans la fabrication et la vente de produits surgelés – un concept dont le succès ne s’est pas démenti depuis.
Aux mains de fonds d’investissement depuis 2001, les pratiques sociales de l’entreprise ont parfois été dénoncées par les syndicats. Picard figurait sur la liste des mauvais élèves en matière de prévention du stress au travail, élaborée cet hiver par le gouvernement français.