BP : avec un patron américain, le groupe cherchera à défendre sa place aux USA

photo_1280213387369-1-1.jpg
éricain Robert Dudley, à Londres le 26 juillet 2010 (Photo : Carl Court)

[27/07/2010 06:50:40] NEW YORK (AFP) Le géant pétrolier BP, responsable d’une marée noire calamiteuse en termes de coûts et d’image, devrait pour la première fois de son histoire se choisir un directeur général non britannique, l’Américain Robert Dudley, pour tenter de redorer son blason aux Etats-Unis.

M. Dudley aura la lourde charge de redorer le blason de BP, ce que n’a pas su faire son précédesseur Tony Hayward, qui s’est attiré le surnom de “Tony-la-gaffe” pour avoir annoncé que l’impact de la marée noire serait “minime”, s’être plaint de vouloir “retrouver sa vie d’avant” et avoir assisté à une régate au large des côtes britanniques au moment où la marée noire souillait les côtes du golfe du Mexique et coûtait leur emploi à des milliers d’Américains.

Dans un contexte où BP est devenu l’entreprise la plus haïe aux Etats-Unis, le passeport américain de M. Dudley sera l’un de ses meilleurs atouts.

“En général, l’origine du directeur général d’une entreprise n’importe pas vraiment”, commente Roger Reid, analyste action chez Natixis Securities interrogé par l’AFP.

“Mais vu la situation de BP, vu les problèmes de leurs activités aux Etats-Unis, il y a probablement un avantage politique à avoir (à sa tête) quelqu’un qui comprend mieux les inquiétudes du pays”, ajoute-t-il.

BP va notamment devoir montrer au public américain “qu’il comprend ce qui se passe aux Etats-Unis au lieu de toujours se considérer comme une entreprise étrangère”, renchérit Jason Schenker, analyste de Prestige Economics.

Elevé dans le Mississipi, l’un des Etats américains bordant le golfe du Mexique, Robert Dudley est un enfant du pays, ce qui devrait lui donner un meilleur contact que M. Hayward avec les autorités de la région.

Le PDG devra notamment mettre en avant le poids de BP pour l’industrie pétrolière américaine. Le groupe se revendique comme le premier producteur de pétrole et gaz du pays et se dit le deuxième distributeur d’essence.

Si ce poids en fait une entreprise essentielle pour l’approvisionnement énergétique américain, il est aussi déterminant pour la santé financière de BP.

Le groupe, présent aux Etats-Unis depuis les années 50, y possède aujourd’hui 40% de ses actifs et y produit 665.000 barils par jour. C’est sa région de production la plus importante après la Russie.

La tâche de M. Dudley sera d’autant plus importante que BP est le premier producteur en eaux profondes du golfe du Mexique, une activité menacée par le moratoire sur le forage en eaux profondes décidé par l’administration Obama et qui court pour l’instant jusqu’au 30 novembre.

Mais pour M. Reid, de la banque Natixis, c’est surtout sur la question de la gestion du risque chez BP que M. Dudley sera jugé.

Avant le naufrage de la plateforme de Macondo, BP avait déjà à son actif d’autres scandales aux Etats-Unis, notamment une fuite d’oléoducs dans l’Alaska, l’explosion d’une usine au Texas et un scandale lié aux échanges de propane.

Un enjeu de taille pour M. Dudley alors que, trois mois après l’explosion de Deepwater Horizon, le pétrole continue de s’écouler dans le golfe.

“Vu la litanie de problèmes avec BP, il y a un risque légitime que le Congrès ou les régulateurs décident de mettre BP à l’écart en lui refusant des licences sur certaines concessions pendant un certain temps”, conclut M. Reid.