La construction de logements neufs en France s’essoufle à nouveau

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à Hérouville-Saint-Clair, dans l’Ouest. (Photo : Mychele Daniau)

[27/07/2010 07:36:24] PARIS (AFP) La reprise constatée en France depuis le début de l’année pour la construction de logements neufs commence à s’essoufler, ce qui fait craindre au secteur du bâtiment une nouvelle crise au moment où le gouvernement prévoit de supprimer ou de réduire plusieurs mesures de soutien.

Le nombre de mises en chantier de logements neufs a en effet baissé de 0,3% pour le deuxième trimestre, comparé à la même période un an auparavant, alors qu’il progressait de 14,6% pour la période mars-avril-mai, selon le ministère de l’Ecologie.

“La construction neuve reste dans une conjoncture fragile. Le nombre de permis de construire en hausse est un signal positif pour l’avenir, mais les mises en chantier effectives – en légère baisse – ne concrétisent pas, pour le moment, cet espoir”, reconnaît auprès de l’AFP le secrétaire d’Etat au Logement Benoist Apparu.

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és sur la période mars/mai 2010

Le deuxième trimestre (70.281) est en quasi-stagnation pour les mises en chantier par rapport aux trois premiers mois de l’année (70.479) “alors qu’habituellement il est toujours en progression de six à sept pour cent, sauf en période de récession”, s’inquiète auprès de l’AFP Michel Mouillart, professeur d’économie à Paris X-Nanterre.

“Les gels de crédits ont comme conséquence un recul du nombre de logements collectifs sociaux (moins 5,6% au premier semestre)”, souligne M. Mouillart.

Pour M. Mouillart “après l’embellie du mois de mai, la chute (moins 17,4%) du mois de juin fait ressortir les inquiétudes pour l’avenir, surtout avec la fin du doublement du Prêt à taux zéro (PTZ) fin juin”.

“Comme le montrent les enquêtes de l’INSEE, on ne va pas vers une accélération de la demande de logements neufs car, même s’il n’y pas effondrement du marché, les fondamentaux restent poussifs”, explique Mathilde Lemoine, directeur des études économiques de la banque HSBC France.

Seule lueur d’espoir, le nombre de permis de construire a, lui, augmenté de 25,0% entre avril et juin, portant la hausse pour l’ensemble du premier semestre à 15,5%.

“Nous devons construire davantage de logements neufs pour rééquilibrer un marché du logement caractérisé par une offre trop faible”, affirme M. Apparu.

Cette faiblesse de l’offre – il manque environ 900.000 logements dans le pays selon les experts – a entraîné une nouvelle envolée des prix des logements anciens, chiffrée à 8,48% entre les premiers semestres 2009 et 2010 par Century 21, réseau d’agences immobilières.

Pour tenter de dynamiser l’offre de logements neufs, tout en réduisant la facture pour l’Etat, le gouvernement va présenter, lors du projet de loi de finances 2001, les mesures de la réforme des aides à l’accession à la propriété, ce qui inquiète de nombreux professionnels.

De son côté, le mouvement HLM, qui compte 10 millions de locataires, accuse le gouvernement de vouloir “étrangler le logement social” en ponctionnant, à partir de 2011, sa trésorerie de 340 millions d’euros pendant trois ans, ce qui l’obligerait à moins construire.

Au cours des 12 derniers mois (juillet 2009 à juin 2010), le nombre de mises en chantier est retombé, avec 295.981 unités, juste en dessous du cap symbolique des 300.000, loin de l’objectif souhaité du gouvernement de 500.000 nouveaux logements par an.

L’annonce d’une rigueur économique amène M. Mouillart a réviser, à la baisse, ses prévisions de mises en chantier pour 2010, “un petit 320.000 au lieu des 330.000 à 335.000 envisagés jusqu’à présent”, contre 297.000 en 2009, loin des 368.000 de 2008 et surtout des 435.000 de 2007.