Robert Dudley, le nouveau patron de BP, Américain mais pas seulement

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ège de BP à Londres, le 26 juillet 2010. (Photo : Carl Court)

[27/07/2010 14:30:41] LONDRES (AFP) L’atout le plus voyant ces temps-ci de Bob Dudley, le nouveau patron de BP, est d’être Américain, mais c’est aussi un dirigeant expérimenté et habitué aux situations difficiles que s’est choisi le groupe pour remplacer Tony Hayward cet automne, après la crise de la marée noire.

Blond, un peu dégarni, un léger accent traînant du sud des Etats-Unis, M. Dudley, un ancien de la compagnie Amoco avant sa fusion avec BP en 1998, a tout pour plaire aux Américains, auxquels BP doit donner des gages si le groupe britannique veut continuer à poursuivre ses activités dans un pays qui lui apporte un tiers de son revenu mondial.

Or, depuis qu’il a été nommé à la tête des opérations de nettoyage de la marée noire fin juin, M. Dudley s’est montré plein de sollicitude pour les riverains, partageant avec eux l’amour de cette côte du golfe du Mexique qu’il fréquentait enfant.

“J’ai passé mon enfance à nager et à pêcher sur la côte”, avait-il rappelé, insistant sur l’aspect “douloureux, émouvant et choquant” du sinistre.

De quoi mieux se faire comprendre par l’opinion américaine que M. Hayward, qui avait pour le moins surpris en jugeant la fuite de pétrole “minuscule” par rapport à l’étendue du golfe du Mexique, et l’impact environnemental “très, très modeste”.

Mais M. Dudley est loin de n’être qu’un enfant du Mississippi né à New York.

Cet ingénieur chimiste de 54 ans, diplômé de l’université de l’Illinois, a toujours travaillé dans l’industrie énergétique, qu’il s’agisse du pétrole surtout mais aussi des énergies renouvelables, et littéralement dans le monde entier, que ce soit pour Amoco ou pour BP: Chicago et Houston aux Etats-Unis, mais aussi Aberdeen et la mer du Nord écossaise, la mer de Chine, l’Angola, l’Algérie, l’Egypte et la Russie sont sur son parcours.

Le directeur général sortant de BP, Tony Hayward, a d’ailleurs lui-même récemment qualifié M. Dudley de “ministre des Affaires étrangères” du groupe.

Ces derniers temps, M. Dudley, entré au conseil d’administration de BP en avril 2009 seulement, supervisait les activités de BP en Amérique et en Asie.

Un poste moins risqué que celui occupé précédemment, à la tête de TNK-BP, la lucrative coentreprise de BP en Russie, qui compte pour un quart de la production du groupe.

Car si la coopération avait bien commencé avec les autorités russes en 2003, elle s’achève comme un mauvais roman d’espionnage: M. Dudley doit quitter précipitamment le pays en juillet 2008 pour ne pas se retrouver dans l’illégalité administrative. Il parvient ensuite pendant plusieurs mois à diriger TNK-BP depuis des cachettes secrètes à l’étranger.

Le président de BP Carl-Henric Svanberg a d’ailleurs souligné que BP “avait beaucoup de chance d’avoir un successeur du calibre de Bob Dudley (…) qui a montré qu’il savait opérer de manière solide dans les circonstances les plus difficiles”.

Sous sa direction, TNK-BP avait vu sa production augmenter de 26%. Et ce résultat avait été atteint, selon BP, tout en “améliorant la performance de TNK-BP en matière de sécurité et d’environnement”.

Après sa nomination mardi, M. Dudley s’est dit modestement à la fois “honoré” de sa nomination, mais “triste” des circonstances de celle-ci, saluant sportivement “l’engagement sans faille” de M. Hayward face à la crise, malgré les critiques.

Et il a assuré, “particulièrement aux populations du golfe du Mexique”, que sa nomination “n’altérerait en rien” sa détermination à réparer les dégâts: “J’ai donné une promesse (…) et je tiendrai cette promesse” a-t-il dit, en s’engageant à changer la culture du groupe.