La crise économique et son corollaire, la chute -quoique relative- du prix du pétrole, n’ont pas tempéré l’ardeur de notre STEG nationale dans sa quête, initiée depuis une vingtaine d’années, de produire l’électricité à partir des énergies renouvelables.
La STEG a lancé son deuxième projet de production d’énergie éolienne, après celui de Sidi Daoued, dans le nord-est du gouvernorat de Bizerte. Le chantier se situe presque sur le littoral du Grand Tunis sur l’axe Kchabta-El Alia-Metline par la construction de 2 centrales éoliennes de 60 MW chacune et avec l’installation de 46 cyclopes dans la région El Alia-Metline et de 45 à El Kchabta. Chaque éolienne devra produire 1320 KW.
A la vue des premières hélices, on ne peut s’empêcher d’avoir un sentiment de fierté dès qu’on comprend qu’il s’agit de la réalisation d’un projet destiné à produire de l’énergie propre, et on se dit qu’au moins dans ce domaine, on commence à adopter l’air du temps, à savoir le développement durable et la lutte contre les émissions de gaz à effet de serre (GES)
Mais, à l’approche du littoral bizertin, une sorte de malaise vous envahit à cause d’un sentiment d’encerclement.
Alors, lorsqu’à la sortie de l’autoroute Tunis-Bizerte au niveau d’El Alia, vous observez que ce village est enlacé sur presque 2 côtés par ces géants, et que les collines, qui vous accompagnent jusqu’aux plages de Metline–Rasjebel-Rafraf sont pratiquement lacérées en long et en large, et on se demande comment a-t-on fait pour que des éoliennes, sous d’autres cieux emblèmes de l’écologie, donnent dans nos contrées un tel sentiment d’agressivité.
Les instances, en charge dans notre pays des questions environnementales, ont-elles approuvé ce projet?
Selon nos sources, et bien que le ministère de l’Environnement et l’Agence nationale pour la protection de l’environnement (ANPE) aient été sollicités, en février 2009 par la STEGpour donner leur avis sur l’étude d’impact environnemental de ces installations, cette dernière (ANPE)se serait retranchée derrière le décret N°1991 du 11 juillet 2005 qui, selon l’écrit de notre instance nationale de l’écologie, dispense le prometteur de ce type de projet de solliciter l’avis de l’ANPE.
Or, ce décret visait, dans son esprit, l’allégement des procédures administratives pour encourager les investissements et n’était nullement question dans l’esprit du législateur de dispenser notre Agence nationale de faire son travail de protection de la nature et d’intervenir là où il y aurait une menace pour l’environnement.
S’agirait-il d’un silence coupable? La question mérite d’être posée d’autant plus que Webmanagercenter en a parlé depuis octobre 2006.
Le comportement du gendarme de l’environnement risque d’être mal interprété lorsqu’on sait que l’Agence nationale pour la maîtrise de l’énergie (ANME) a réalisé un “Atlas Eolien”, c’est-à-dire une cartographie des vents en Tunisie pour indiquer les meilleurs emplacements pour produire de l’énergie éolienne sans tenir compte des considérations écologiques.
Notons qu’avant la réalisation du projet similaire de Sidi Daouad, une étude d’impact environnementale avait été publiée et avait fait l’objet de plusieurs observations, ce qui avait entraîné plusieurs modifications du projet initial.
Signalons enfin qu’en plus de la pollution visuelle, ces installations vont générer une pollution sonore dont on ne connaît pas encore les répercussions.
Nous pensons donc qu’il est encore temps de revenir aux procédures habituelles et de permettre à toutes les structures gouvernementales et autres de prendre leurs responsabilités pour faire des éoliennes des amies de la nature.
Ce n’est pas impossible, puisqu’avec un peu de concertation et beaucoup de coordination, on pourrait certainement éviter pas mal de gâchis.