En Haute-Garonne, Villemur s’appuie sur le combat des salariés de Molex pour rebondir

photo_1280390076455-1-1.jpg
éunis devant l’usine de Villemur-sur-Tarn (Haute-Garonne), le 16 septembre 2009. (Photo : Rémy Gabalda)

[29/07/2010 08:01:18] VILLEMUR-SUR-TARN (AFP) Le bourg industriel de Villemur-sur-Tarn (Haute-Garonne) s’efforce de rebondir après le choc de la fermeture de l’usine Molex en octobre 2009, convaincu que le combat d’un an mené par les 283 salariés pour sensibiliser élus et gouvernement a évité d’autres drames.

“Quand j’ai été élu à la tête de cette commune de 5.000 habitants en 2008, en quelques mois on m’a annoncé que Molex (connectique automobile) fermait, que l’usine de pâtes alimentaires +La Mie Occitane+ avait du plomb dans l’aile, il y avait des rumeurs de départs de l’usine Labinal (connectique aéronautique)”, explique le maire Jean-Claude Boudet (DVG).

“Finalement un grand groupe espagnol va reprendre les 17 salariés de la Mie Occitane et Labinal (groupe Safran) a annoncé en juin qu’il allait investir 12 millions d’euros dans de nouveaux locaux à Villemur avec ses 500 CDI”, indique le maire.

“Tout cela aurait pu être bien pire: l’affaire Molex a permis de mieux présenter les dossiers, cela nous a ouvert des portes”, résume M. Boudet.

Les salariés de Molex, qui avaient été cédés à ce groupe américain en 2003 par Labinal (alors groupe Snecma), ont été informés en octobre 2008 du projet de fermeture, et ont contesté pendant un an les arguments économiques de leur direction, soutenant que la fermeture avait été planifiée bien avant la crise.

Un mouvement massif avec un minimum de violence -essentiellement 24 heures de “retenue” des dirigeants locaux en avril 2009- leur a valu un large appui de l’opinion et des élus, incitant même le gouvernement à ranger Molex dans la catégorie des “patrons voyous” et à jouer les médiateurs.

L’intersyndicale (CGT-CFDT-FO-CFTC-CFE/CGC) s’est finalement inclinée à la mi-septembre 2009 en échange d’un plan social avantageux mais les salariés ont remporté plusieurs victoires judiciaires dont la condamnation de deux dirigeants de Molex pour avoir dissimulé des informations essentielles au comité d’entreprise.

Au chômage depuis début juillet 2010, de nombreux salariés s’apprêtent à poursuivre leur ancien employeur aux prud’hommes. “Nous pensons constituer plus de 200 dossiers d’ici fin août pour contester le licenciement pour raison économique”, a indiqué à l’AFP Patrick Frégolent, président de l’association “Solidarité des Molex”.

“Notre lutte a été emblématique, exemplaire, parce que nous avons combattu longtemps pour l’outil de travail et non pour les indemnités, on peut être fiers”, explique le président de l’association créée pour populariser le mouvement et soutenir les licenciés.

Le gouvernement a favorisé une médiation et cherché un repreneur en septembre 2009, obtenant finalement la reprise partielle des activités laissées par Molex par un fonds d’investissement HIG. Sous le nom de VMI (Villemur-industrie), il emploie à ce jour 42 salariés (dont 39 Molex).

Le ministre de l’Industrie, Christian Estrosi a indiqué que l’objectif est d’atteindre 50 emplois à la fin 2010 et d’en viser 200 ultérieurement, mais l’association est sceptique sur les capacités commerciales de VMI, en dehors d’un contrat de 2 ans de fournitures à Molex et d’une commande de Renault et PSA. “Dieu l’entende (M. Estrosi)”, se contente de dire M. Boudet.

Prudent en raison de la “crise industrielle européenne”, le maire a d’autres fers au feu pour renouer avec le passé de la ville qui a compté jusqu’à 1.500 emplois industriels.

Avec l’aide de la Région, la mairie va créer une zone d’intérêt régional (ZIR) et une pépinière d’entreprises à côté de Labinal et de la nouvelle “Mie occitane”.