Grande-Bretagne : la nouvelle née Metro Bank veut bousculer les banques traditionnelles

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é de Metro Bank, le jour de l’ouverture d’une agence à Londres, le 29 juillet 2010. (Photo : Ben Stansall)

[29/07/2010 12:39:23] LONDRES (AFP) Metro Bank, la première banque de détail créée depuis plus de cent ans au Royaume-Uni, a accueilli jeudi ses premiers clients, dans l’espoir de bousculer un secteur bancaire britannique extrêmement concentré et qui se remet à peine de la crise financière.

La banque, cofondée par le milliardaire américain Vernon Hill, a inauguré en début de matinée sa première agence, située dans un emplacement très fréquenté en plein centre de Londres, dans le quartier de Holborn, avec pour objectif d’en ouvrir jusqu’à 250 dans les dix ans qui viennent.

Elle espère se distinguer de ses rivales ayant pignon sur rue (les britanniques Barclays, HSBC, Lloyds Banking Group et RBS, et l’espagnole Santander) en offrant aux Britanniques des services qu’elle pense mieux adaptés à leurs attentes, comme des horaires élargis, une ouverture sept jours sur sept et des opérations plus rapides.

Le pari de Metro Bank est de séduire des consommateurs désabusés, la crise financière ayant nettement écorné la réputation des banques traditionnelles, et de briser le manque criant de concurrence induit par la forte concentration du secteur bancaire britannique.

Cette concentration s’est accélérée spectaculairement durant la crise financière, qui a entraîné la disparition ou la perte de l’indépendance de nombreux établissements, par rachat ou fusion, et ce tant parmi les groupes cotés qu’au sein des banques mutualistes.

“Nous allons changer tout ce que vous détestez chez votre banque existante”, a déclaré à l’AFP le président de Metro Bank, Anthony Thomson, venu accueillir personnellement les clients dans l’agence flambant neuve, dont le décor novateur tranche avec l’austérité et le sérieux cultivés par les banques rivales.

Néons rouges et machines à trier les pièces ressemblant à des juke-box accueillent les clients. A côté des guichets, une salle des coffres accessible sept jours sur sept leur permettra de récupérer leurs objets précieux (documents, bijoux) le temps d’une réunion ou d’une soirée, et de venir les redéposer le lendemain.

Et, toujours histoire de prouver sa “différence”, Metro Bank a décrété que les toutous seraient les bienvenus dans ses murs. Des écuelles sont disposées à l’entrée de l’agence et, au lieu de dépliants sur les cartes de crédits et autres livrets d’épargne, certains présentoirs contiennent des biscuits pour chiens.

La banque n’a pas révélé ses objectifs en termes de clients et de chiffres d’affaires, mais elle prévoit de parvenir à l’équilibre dans trois ans environ, a expliqué M. Thomson. Il a par ailleurs assuré que Metro Bank n’était “absolument pas intéressée” par les centaines d’agences bancaires mises en vente par RBS et Lloyds Banking Group, et comptait se développer par ses propres moyens.

Reste à voir si la clientèle sera au rendez-vous. Selon Andrew Hagger, du site de comparaison de prix Moneynet.co.uk, “les horaires plus longs, les biscuits pour chiens et les locaux flambant neuf sont certainement un bon moyen pour Metro Bank de se différencier, et elle sera perçue au début comme un grand bol d’air frais, par rapport aux concurrents”.

Mais il a souligné que la banque offrait des taux d’intérêts moins bons que les autres établissements, ce qui obligera les consommateurs à choisir entre un service supposé meilleur et des taux plus attractifs.

Un pari d’autant plus audacieux que plusieurs groupes britanniques ambitionnent aussi de s’installer dans la banque de détail, comme Tesco, première chaîne de supermarchés du Royaume-Uni, ou Virgin Money, la division de services financiers du groupe Virgin de Richard Branson.