Logo du FMI (Photo : Brendan Smialowski) |
[29/07/2010 15:32:52] WASHINGTON (AFP) La Chine a autorisé le Fonds monétaire international à publier jeudi, pour la première fois depuis 2006, un rapport complet de ses services sur son économie, qui révèle des divergences entre les services du FMI et Pékin sur la politique de change.
Après la décision prise par Pékin mi-juin de laisser flotter plus librement sa monnaie, les services du FMI estiment qu’une appréciation du taux de change réel du yuan devrait être une “composante clef de la stratégie” des autorités à moyen terme pour parfaire la mutation de l’économie.
Le yuan “reste fortement inférieur au niveau qui serait conforme aux données économiques de base à moyen terme”, précise le document alors que la monnaie chinoise s’est appréciée de moins de 1% depuis la mi-juin.
Le rapport, qui a suscité des tiraillements entre administrateurs du Fonds, précise que Pékin réfute cette opinion de la mission du FMI (partagée par les Occidentaux) car le gouvernement chinois n’est pas d’accord avec les prévisions du FMI relatives à l’excédent des comptes courants du pays.
La mission estime que celui-ci va reprendre sa hausse jusqu’à atteindre environ 8,5% du PIB sous deux ans, tandis que Pékin prévoit une poursuite de la baisse des trois dernières années, et estime que l’excédent “se stabilisera autour de 4% à moyen terme”.
Ce rapport, dont les grandes lignes avaient été révélées mardi et mercredi, est celui de la mission d’évaluation de l’économie chinoise réalisée dans le cadre de l’article IV de la charte du FMI, qui prévoit des consultations entre le Fonds et ses membres habituellement sur une base annuelle.
Le chef de la mission du FMI en Chine, Nigel Chalk, a déclaré jeudi à la presse qu’il voulait “croire que la décision des autorités chinoises” d’autoriser la publication du rapport “montre qu’elles l’ont jugé équilibré” et “globalement impartial”.
La publication précédente d’un rapport de mission du FMI sur les consultations de l’article IV remontait au mois d’octobre 2006: ces discussions n’avaient pas eu lieu en 2007 ni en 2008.
Globalement élogieux sur la réponse des autorités face à la crise, ce document estime que “la croissance est bien installée” en Chine et reconnaît “les efforts importants” consentis par le pays pour rééquilibrer son économie en faisant reposer davantage sa croissance sur la consommation intérieure.
Le rapport identifie également une bulle immobilière en cours de formation, contre laquelle il appelle à des “actions préventives”, et encourage les autorités à continuer sur la voie du rééquilibrage de la croissance.
Les autorités “prévoient de continuer de calibrer leur politique de manière à empêcher un retour aux gros excédents, reconnaissant que le niveau élevé de l’excédent commercial observé en 2007 n’était tout simplement pas viable”, ajoute le rapport.
Le document juge que “l’inquiétude” de voir une hausse du yuan avoir des effets négatifs sur la croissance et l’emploi chinois est “justifiée”, mais que ceux-ci devraient être “modérés”.
Il note le précédent du rééquilibrage de l’économie japonaise et de l’appréciation du yen dans la décennie 1980, qui “entraîna un ralentissement de la croissance et une montée du chômage”.
Cette tendance fut néanmoins renversée par “un assouplissement de la politique monétaire ainsi que des mesures de soutien budgétaire”, ajoute le Fonds, rappelant, en guise d’avertissement, qu’en ayant été prolongées plus que nécessaire, ces actions avaient contribué à la bulle immobilière à l’origine de la “décennie perdue” japonaise des années 1990.