écran plat orientable situé dans les vestiges de l’abbaye de Cluny, le 26 juillet 2010. (Photo : Jeff Pachoud) |
[31/07/2010 12:53:25] DIJON (AFP) Visualiser sur un écran plat, pointé en direction des ruines, l’abbaye de Cluny détruite pendant la Révolution ou se promener dans Bordeaux en voyant la ville au Moyen-Age à travers un smart phone : de plus en plus, la technologie permet de recréer virtuellement un patrimoine disparu ou modifié.
Au Moyen-Age, l’abbatiale de Cluny, en Saône-et-Loire, était la plus grande église de la chrétienté, avec sa nef de 187 mètres de long et son double transept. L’édifice religieux fut ensuite quasi-totalement détruit après la Révolution française. Aujourd’hui, ne subsistent qu’une petite partie des bâtiments et la ville s’est reconstruite autour.
“Les gens qui viennent à Cluny cherchent une église et, ne la voyant pas, sont souvent déçus. Ici, le virtuel prend tout son sens pour comprendre ce qu’était Cluny”, explique à l’AFP François-Xavier Verger, administrateur du site qui fête cette année le onzième centenaire de sa fondation.
Depuis cet été, un écran plat orientable verticalement et horizontalement, situé au pied des ruines, permet aux 100.000 visiteurs annuels de se plonger dans l’édifice tel qu’il était au XVe siècle, en superposant éléments virtuels disparues et parties existantes filmées en temps réel.
Le réalisme, les détails et le rendu sont saisissants. La luminosité ambiante est prise en compte par des capteurs et retranscrite sur l’écran. Le va-et-vient entre le virtuel et le réel est permanent.
Deux autres écrans situés plus en retrait permettent de visualiser l’abbatiale dans sa totalité et intégrée à la ville actuelle, avec voitures et piétons, comme si elle n’avait jamais bougé. Un quatrième écran devrait voir le jour avant la fin de l’année.
écran plat orientable situé dans les vestiges de l’abbaye de Cluny, le 26 juillet 2010. (Photo : Jeff Pachoud) |
Baptisé ray-on, le dispositif a été développé par la société on-situ, basée à Chalon-sur-Saône, en collaboration avec l’Ecole nationale supérieure d’arts et métiers (ENSAM) de Cluny et a été soumis à un comité scientifique. On-situ développe actuellement le programme multimédia du Louvre Lens, qui doit ouvrir en 2012.
Dès cet automne à Paris, les touristes pourront voir, depuis le sommet de l’Arc du Triomphe et à travers un télescope de réalité augmentée, l’ancien Palais des Tuileries, détruit à la fin du XIXe, dans un environnement actuel.
“On pourra également voir Paris à l’époque du plan Turgot (début XVIIIe), donc au milieu des champs, ou bien dans le futur, avec de hautes tours tout autour de la capitale”, déclare Maurice Benayoun, à la tête du projet, porté par le CITU, un laboratoire dépendant des universités Paris 1 et Paris 8.
“Dans les lieux de patrimoine, soit on raconte une histoire, soit on la donne à voir. Ce que nous proposons est d’un haut niveau émotionnel et toujours bien accompagné scientifiquement”, analyse M. Benayoun.
Pour Jean-Luc Rumeau, porteur du projet B3D, qui permettra fin 2011 de se promener dans Bordeaux en voyant la ville au Moyen-Age, ou à d’autres époques, via un smart phone, le tournant de “la muséographie à ciel ouvert” a été pris par les sites de patrimoine.
“En plus de la visite virtuelle +classique+, nous avons également opté pour une expérience immersive plus ludique, de type jeu ou quête. Le visiteur, explique M. Rumeau, pourra ainsi se mettre dans la peau d’un moine ou d’un armateur et le scénario proposé dans la ville s’adaptera en fonction de ses choix”.