ï depuis la terrasse d’un hôtel, le 27 avril 2010 (Photo : Karim Sahib) |
[03/08/2010 09:42:22] DUBAI (AFP) Les économies des riches monarchies pétrolières du Golfe connaissent des signes de reprise deux ans après l’arrivée de la crise financière dans cette région, mais celle de Dubaï continue de souffrir du poids de la dette.
Lorsque la crise est survenue à l’automne 2008, la bulle immobilière de Dubaï, principal moteur de croissance de l’émirat, s’est dégonflée et la chute des prix du pétrole a pesé sur l’ensemble des économies du Golfe.
Mais depuis, les prix du pétrole se sont redressés. De 30 dollars le baril début 2009, ils atteignent actuellement les 75 dollars avec le frémissement de l’économie mondiale, sans renouer toutefois avec le record de 140 dollars de l’été 2008.
“Les pays du Golfe sont bien intégrés à l’économie mondiale et ils vont suffisamment bien dans les circonstances actuelles”, note Eckart Woertz, chef du département économique du Gulf Research Centre.
“On ne doit pas oublier que la région, dans son ensemble, est exportatrice de capitaux et a un faible taux de déficit”, ajoute-t-il.
C’est ce qui explique, selon cet analyste, le faible impact de la crise de Dubaï sur ses voisins même si l’émirat continue de rechercher des solutions à la dette de son grand holding, Dubai World, et les moyens de relancer son économie.
L’économie des Emirats arabes unis s’est contractée de 0,7% en 2009, selon le Fonds monétaire international (FMI), en raison de la chute de l’immobilier de Dubaï, membre de cette fédération.
Simon Williams, chef économiste de la banque HSBC Middle East, pense que le manque de richesses pétrolières à Dubaï handicape l’émirat. “Dubaï est très différent (de ses voisins). Ce n’est pas un producteur de pétrole. Il a une forte dette et il est plus exposé à l’économie mondiale”, relève-t-il.
“C’est pourquoi l’impact de la crise y a été plus fort que dans des pays qui ont des hydrocarbures et un système financier insulaire”, ajoute M. Williams.
La dette de Dubai World, dont il négocie un rééchelonnement partiel, avait fait trembler les marchés financiers en novembre 2009. Le holding avait alors indiqué ne pas pouvoir régler une tranche de 26 milliards de dollars, ce qui avait fait craindre une faillite de Dubaï, dont la dette totale est estimée par certains analystes à plus de 100 milliards de dollars.
Mais les effets de la dette de Dubaï sur les marchés “se sont largement dissipés fin 2009”, ont estimé en juillet des économistes du FMI.
Ils ont prévu 4,3% de croissance pour les secteurs non pétroliers des pays du Conseil de coopération du Golfe (CCG – Arabie saoudite, Bahreïn, Emirats arabes unis, Oman, Qatar et Koweït) et 4,8% de hausse de leur production pétrolière.
Le FMI prévoit une croissance de 4,9% pour le CCG en 2010 et 5,2% en 2011, après 0,8% en 2009, sur la base d’un baril à 80-83 dollars pour 2010-11.
Mais M. Williams note que ces projections cachent des disparités.
“L’expansion du Qatar résultant des exportations de gaz naturel liquéfié gonfle la prévision de 2010”, estime l’économiste alors que le FMI prévoit une croissance de 18,5% en 2010 et de 14,3% en 2011 pour le riche émirat gazier.
“Si vous enlevez le Qatar, le chiffre tombe. Il sera à son niveau d’avant la crise et sera plus faible que ceux des pays émergents”, souligne-t-il.
La crise a également mis à mal les projets d’intégration du CCG, notamment celui, longuement attendu, d’union monétaire.
“Avant la crise, l’intégration était en marche (…) mais depuis je ne vois pas beaucoup d’appétit pour une monnaie unique” dans le Golfe, note M. Williams.
Le projet d’union monétaire semble paralysé, le Koweït, les Emirats arabes unis et Oman préférant ne pas en faire partie.