Roumanie : FMI et UE promettent des tranches d’aide sur fond d’austérité

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ût 2010 à Bucarest. (Photo : Daniel Mihailescu)

[04/08/2010 11:48:24] BUCAREST (AFP) Le Fonds monétaire international (FMI) et l’Union européenne ont promis mercredi de verser de nouvelles tranches de leur aide de 20 milliards d’euros à la Roumanie, tout en appelant les autorités à poursuivre la cure d’austérité entamée le mois dernier.

“La mission du FMI a constaté que la performance a été bonne jusqu’à la fin de juin et que les politiques menées vont permettre d’atteindre les objectifs prévus”, a déclaré le chef de la mission à Bucarest, Jeffrey Franks, au cours d’une conférence de presse.

“Dès que les autorités roumaines rempliront les conditions préalables requises, le conseil directeur du FMI se réunira et donnera son aval au déboursement d’une nouvelle tranche de son prêt”, a-t-il ajouté, précisant que cette réunion devrait avoir lieu vers la fin septembre.

M. Franks a appelé Bucarest à poursuivre le plan d’austérité “particulièrement drastique” adopté en juin, qui prévoit notamment des coupes de 25% des salaires du secteur public et une hausse de la TVA, de 19% à 24%.

“Si nous maintenons ces mesures, il ne sera plus nécessaire de procéder à de nouvelles hausses des taxes et des impôts, ni de réduire” les salaires et les retraites, a-t-il poursuivi.

Une mission de la Commission européenne a pour sa part constaté que “les conditions pour le versement d’une tranche d’aide de 1,2 milliard d’euros ont été remplies”, a déclaré un responsable, Laurent Moulin.

“Les mesures ambitieuses d’assainissement fiscal convenues avec les autorités en mai et juin ont été mises en place comme prévu”, a-t-il ajouté, précisant qu’elles “apparaissent comme suffisantes pour atteindre l’objectif de déficit public”.

Selon lui, la Roumanie devrait rester en récession courant 2010, avec une contraction du PIB de 1,9%, avant de renouer avec la croissance l’année prochaine. Une hausse du PIB de 1,5% à 2% est escomptée.

La Roumanie avait obtenu en mai 2009 une aide globale de 20 milliards d’euros du FMI, de l’UE et de la Banque mondiale, en contrepartie d’un plan de rigueur destiné à réduire à 6,8% son déficit public, contre 7,2% l’année dernière.

Ces mesures ont provoqué une forte baisse du pouvoir d’achat dans un pays où le salaire mensuel moyen s’élève à peine à 350 euros, tandis que les retraites tournent autour de 175 euros.

Les analystes craignent que ce pays ne soit amené à se serrer encore davantage la ceinture alors qu’il prévoit de réduire à 4,4% son déficit en 2011, à la faveur d’économies totalisant 3 milliards d’euros.

M. Franks a déclaré que parmi les mesures encore attendues par le FMI figurent la réforme des “retraites spéciales”, censée mettre un terme aux privilèges dont jouissent certaines catégories de pensionnés, une baisse des arriérés du secteur public et un assouplissement du marché du travail.

Il a ajouté qu’après avoir supprimé environ 30.000 emplois dans la fonction publique, le gouvernement devrait réduire le nombre d’enseignants à partir de septembre, dans le cadre d’une restructuration de ce secteur.

Le représentant du FMI a exhorté les autorités à accélérer l’utilisation de fonds européens, soulignant qu’il s’agissait de “la meilleure solution pour stimuler la croissance économique”.

Près de 31 milliards d’euros de fonds structurels sont à la disposition de la Roumanie d’ici 2013, mais leur utilisation à jusqu’ici été très lente, en raison d’un manque de cofinancement, mais aussi de la corruption et de la bureaucratie excessive, selon les analystes.