La FAO craint la hausse des prix du blé en raison de l’embargo russe

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à son zénith sur un champ de blé près de Mokrye Kurnali en Russie pendant la canicule, le 20 juillet 2010 (Photo : Elise Menand)

[06/08/2010 11:59:13] ROME (AFP) L’interruption par la Russie de ses exportations de céréales en raison de la canicule a créé une situation “sérieuse” sur le marché du blé et si la flambée des prix se poursuivait, elle pourrait causer des problèmes de sécurité alimentaire dans les pays pauvres, selon la FAO.

La décision russe “représente un élément d’instabilité sur le marché” des céréales et “une situation qui n’était pas grave est devenue maintenant sérieuse”, a déclaré à l’AFP Abdolreza Abbassian, économiste et secrétaire du Groupe intergouvernemental sur les céréales de l’Organisation de l’ONU pour l’alimentation et l’agriculture (FAO).

Cette annonce “inattendue et très rapide” risque d'”interrompre le commerce” international des céréales provisoirement, les détenteurs de réserves tablant sur une poursuite de la hausse des prix, a-t-il ajouté.

“Bien sûr, a souligné l’expert, si les prix augmentent dans les pays pauvres et à bas revenus, cela causera certainement des problèmes, comme en 2007-2008”, lorsque la hausse des prix des produits alimentaires avait provoqué des émeutes de la faim notamment en Egypte, au Maroc, en Indonésie, aux Philippines et à Haïti.

“Le problème est de savoir combien de temps la hausse des prix va durer. Pour l’intant, il est encore trop tôt pour le dire, il faut attendre deux-trois mois. Pour notre part, nous espérons que les prix ne vont pas rester à des niveaux aussi élevés”, a conclu M. Abbassian.

La Russie, troisième exportateur mondial de blé, a annoncé jeudi qu’elle appliquait un embargo aux exportations de céréales en raison de la canicule qui provoque l’effondrement de ses récoltes et menace d’entraîner pénurie et hausse des prix sur les marchés intérieurs.

L’annonce du Premier ministre Vladimir Poutine a accentué la flambée des cours du blé sur les marchés mondiaux où ils ont atteint cette semaine des sommets en raison des inquiétudes sur les exportations russes.

Jeudi, le prix de la tonne de blé, déjà en hausse de plus de 40% depuis début juillet, a grimpé à 230 euros en Europe, son plus haut niveau depuis deux ans et demi.

La FAO a revu à la baisse cette semaine ses prévisions de production mondiale de blé pour 2010 à 651 millions de tonnes contre 676 millions annoncées en juin, en raison de “conditions météorologiques défavorables ces dernières semaines”. Mais elle a souligné que les réserves de blé restent élevées et que l’offre est suffisante.

“Après deux années consécutives de récoltes record, les stocks mondiaux ont été suffisamment reconstitués pour couvrir le déficit prévu de la production actuelle. Plus important encore, les stocks détenus par les exportateurs traditionnels de blé – la principale protection contre des événements imprévus – restent élevés”, a souligné la FAO dans un communiqué publié mercredi.

En dépit des problèmes chez les grands pays exportateurs, “le marché mondial du blé reste nettement plus équilibré que lors de la crise en 2007/08, et les craintes d’une nouvelle crise alimentaire mondiale ne sont pas justifiées à ce stade”, selon la FAO.

La flambée des cours des denrées alimentaires qui avaient grimpé de 53% au cours des quatre premiers mois de 2008 par rapport à la même période de 2007 avait frappé de plein fouet les pays les plus pauvres, provoquant des émeutes en Afrique, dans les Caraïbes et en Asie.