Soldes : quand il n’y en a plus, il y en a encore

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ût 2010. (Photo : Miguel Medina)

[06/08/2010 11:54:42] PARIS (AFP) Depuis mardi, les soldes sont terminés. Tous ? Non. Certains magasins affichent encore le mot en vitrine, jouant les prolongations jusqu’au 10 août grâce aux soldes flottants, tandis que d’autres boutiques ont retiré la mention mais proposent toujours des remises.

“Troisième démarque”, “soldes”, “jusqu’à moins 70%”… autant de promesses de bonnes affaires sur des vitrines, au risque de déboussoler des consommateurs à qui on avait dit que les soldes étaient finis (sauf en région Provence-Alpes-Côte d’Azur, en Corse et dans les départements et territoires d’outre-mer).

Ces commerçants profitent des différentes dispositions réglementaires (soldes flottants, promotions) pour écouler robes à bretelles, shorts ou marinières, dans des magasins largement occupés par la nouvelle collection. Mais seuls les soldes donnent le droit de vendre à perte.

Cela “prouve qu’ils ont encore du stock et veut dire peut-être aussi que les soldes non pas été si bons que ça”, estime Jean-Marc Genis, président de la Fédération des Enseignes de l’Habillement (FEH). Cela revient aux “six semaines de soldes d’avant”, note-t-il.

La Loi de Modernisation de l’Economie d’août 2008 a en effet raccourci à cinq semaines les soldes d’été et d’hiver, permettant aux commerçants de choisir deux semaines supplémentaires dans l’année.

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à Paris le 6 janvier 2010 à Paris au premier jour des soldes. (Photo : Bertrand Guay)

“On peut tout à fait faire des soldes flottants” juste après les soldes fixes, a confirmé une porte-parole de la Direction générale de la Concurrence, de la Consommation et de la Répression des Fraudes.

“C’est détourner l’esprit de la loi”, regrette de son côté Jean-Michel Silberstein, délégué général du Conseil national des Centres commerciaux (CNCC).

A Lille, les magasins Kookai ont embrayé sur des soldes flottants, un choix du siège “pour écouler un maximum de stocks”, explique une responsable de magasin. Les gens “ne sont pas encore dans l’optique +nouvelle collection+ et en même temps, ils ne veulent pas mettre trop cher”.

Le mot “flottants” se fait toutefois discret dans les vitrines. Pour la chaîne de lingerie Orcanta “Les soldes continuent”, car “les gens ne savent pas ce que ça veut dire +flottants+”, explique une responsable de boutique à Paris.

Zara a conservé la mention “Soldes” sur une affiche, comme Caroll, mais chez Mango, la référence est reléguée dans un cadre photo à même le sol.

D’autres ont arrêté les soldes, mais pas les réductions, comme Promod. Certains prix n’ont pas bougé depuis les soldes, mais d’autres ont été “légèrement relevés car on n’a pas le droit de vendre à perte”, explique une vendeuse à Paris.

Alors que le secteur du textile-habillement pâtit de la crise depuis mars 2008, beaucoup de commerçants se sont servis des soldes flottants et d’autres opérations promotionnelles pour inciter des clients en mal de pouvoir d’achat à franchir la porte des magasins.

Les soldes flottants font toutefois l’objet de nombreuses critiques. La Fédération nationale de l’Habillement (indépendants) et la FEH y sont hostiles. M. Genis pointe le risque qu’on “officialise quatre périodes de soldes. Dans le mois qui précède, les gens n’acheteront plus rien”.

Au CNCC, M. Silberstein souhaite lui des “soldes intermédiaires” avec une semaine pour chaque saison fixée de manière réglementaire, “de façon à ce qu’on puisse s’organiser” et que le consommateur “comprenne ce qui se passe”.

Le secrétaire d’Etat au commerce, Hervé Novelli, a annoncé qu’il réunirait avant la mi-septembre les fédérations du commerce pour faire le point. “S’il faut modifier les choses, nous le ferons”, a-t-il dit, tout en soulignant qu’il faudra le “convaincre”.