GM Strasbourg officiellement repris par l’américain General Motors Company

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ée de l’usine General Motors de Strasbourg, le 20 novembre 2008 (Photo : Patrick Hertzog)

[06/08/2010 14:12:53] STRASBOURG (AFP) Le géant américain de l’automobile General Motors Company (GMC) a officiellement racheté pour un euro symbolique son site de Strasbourg, une vente au goût amer pour les 1.150 salariés contraints à d’importants sacrifices mais qui éloigne le spectre de la fermeture.

L’accord de reprise a été signé le 30 juillet “aux Etats-Unis” entre GMC, basé à Detroit et détenu à 60% par l’Etat américain, et l’actuel propriétaire de GM Strasbourg, Motors Liquidation Company (MLC), a indiqué vendredi à l’AFP un porte-parole de la direction du site alsacien.

Avec la déroute du géant américain, en proie à un endettement colossal, MLC avait été chargé de liquider ses actifs, parmi lesquels le site alsacien spécialisé dans les boîtes de vitesse et en vente depuis août 2008.

“Il faudra compter deux mois avant que la vente” de l’usine “ne soit totalement effective, notamment pour des questions administratives et financières”, a expliqué le porte-parole.

La Cour des faillites de New York doit notamment donner son avis sur la reprise, MLC étant toujours sous le régime américain des faillites, a-t-il dit. L’audience doit se tenir le 7 septembre et l’avis devrait être rendu “très vite”, a-t-il précisé.

Si les salariés sont désormais assurés d’avoir un repreneur, la pilule risque d’être amère: GMC avait en effet conditionné le rachat à un gel des salaires sur deux ans, pas d’intéressement jusqu’en 2013 et une renonciation à plus d’un tiers des 16 jours de RTT actuels, soit une baisse de 10% du coût de la main d’oeuvre.

En contrepartie, GMC s’engage à reprendre l’ensemble du personnel et à fournir un carnet de commandes conséquent jusqu’en 2014.

L’annonce du rachat “intervient plus rapidement que l’on ne pensait. On ne l’attendait pas avant fin août”, a réagi Roland Robert, délégué CGT à GM Strasbourg et leader de la fronde anti-GMC.

Réitérant son opposition au projet industriel “vide” porté par le géant de Detroit, il a indiqué que son organisation allait rester “très vigilante” et a prédit une “dégradation” des conditions de travail.

Les autres délégués syndicaux n’étaient pas joignables en milieu d’après-midi. L’usine strasbourgeoise est actuellement fermée, la production ne reprenant que le 16 août.

Longtemps dans l’incertitude quant à l’identité et à la possibilité même d’un repreneur, les salariés de GM Strasbourg s’étaient prononcés mi-juillet lors d’un vote interne à plus de 70% en faveur du projet de GMC, présenté comme celui de la dernière chance.

Dans la foulée, CFDT (majoritaire), CFTC et FO avaient ratifié un accord avec la direction du site, au grand dam de la CGT, opposée dès le début au projet de GMC qui marquait selon elle un “recul social”.

Fin juillet, le comité d’entreprise avait aussi donné son feu vert.

La semaine dernière, CGT et direction avaient finalement signé un texte dans lequel le syndicat réaffirmait son refus de signer le projet tout en s’engageant à ne pas l’attaquer en justice, tandis que GMC renonçait à conditionner sa reprise à la signature des quatre syndicats.

Cet accord intervenait au terme de plusieurs semaines de négociations souvent tendues: le 23 juillet, une dizaine de délégués CGT avaient été bloqués une partie de l’après-midi dans leur local par des salariés.

L’usine de Strasbourg, que GMC veut rendre compétitive avec un site mexicain, employait il y a dix ans près de 3.000 salariés. Mais au fil des années et des plans de départs volontaires, ses effectifs ont fondu.

GM Strasbourg fabrique annuellement 270.000 boîtes de vitesse, à parts quasi égales pour BMW et General Motors.