Investissement étranger : La nouvelle donne de l’attractivité

Par : Tallel

Après un important recul en 2009, les investissements directs à l’étranger (IDE) devraient se ressaisir cette année, selon les experts des Nations unies. La France a maintenu son niveau d’attractivité. Le passage à une économie à faible intensité de carbone est une opportunité à saisir.

La crise n’a pas épargné les flux mondiaux d’investissements. Après un repli de 16% en 2008, les entrées mondiales d’investissements directs à l’étranger (IDE) se sont effondrées de 37%, à 1.114 milliards de dollars, selon le «Rapport sur l’investissement dans le monde 2010» de la Conférence des Nations unies pour le commerce et le développement (CNUCED). Les sorties mondiales d’IDE, quant à elles, ont plongé de 43% l’année dernière.

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La conjoncture financière a refroidi les ambitions des investisseurs, gelant notamment les projets de fusions et acquisitions internationales. Ces opérations ont atteint une valeur de 250 milliards de dollars en 2009, contre 707 milliards en 2008. Soit une chute de 64,7%. L’investissement privé est pourtant d’autant plus important que les Etats mettent un frein aux investissements publics pour juguler leurs déficits, note la CNUCED.

Eclaircie en vue

Malgré ces incertitudes, l’agence onusienne entrevoit déjà des signes d’amélioration. «La productivité et les bénéfices des entreprises ont repris des couleurs au premier semestre de 2010. Tout comme le contexte macroéconomique», estime Fabrice Hatem, économiste à la CNUCED. «Cette embellie, même timide, a eu une conséquence presque immédiate sur les flux d’IDE», ajoute l’expert. Les fusions-acquisitions internationales reprennent de la vigueur. Sur les sept premiers mois de 2010, presque 1500 milliards de dollars de transactions ont été concrétisés. Soit presque 15% de plus qu’un an auparavant, selon le cabinet Dealogic.

La CNUCED estime que les apports mondiaux d’IDE devraient dépasser 1.200 milliards de dollars en 2010 et atteindre entre 1.300 et 1.500 milliards de dollars en 2011, puis 1.600 à 2.000 milliards de dollars en 2012. «A condition, bien sûr, qu’il n’y ait pas de choc conjoncturel majeur, lié par exemple aux risques de crédits ou aux dettes souveraines», nuance Fabrice Hatem.

La France, deuxième destination d’Europe

Si les Etats-Unis sont restés le premier destinataire des flux d’IDE, la Chine s’est hissée au deuxième rang mondial. En Europe, le trio de tête est inchangé, avec dans l’ordre le Royaume-Uni, la France et l’Allemagne. Selon le dernier rapport d’Ernst & Young sur l’attractivité de l’Europe et de la France, les investissements étrangers sont restés stables dans l’Hexagone l’année dernière, à 523 projets (soit 1% de plus qu’en 2008) et 13.298 emplois créés (+2%).

La situation est plus critique, en revanche, pour les pays les moins avancés (dits PMA), dont l’économie dépend en partie des investissements étrangers. Les IDE vers ce groupe de 49 pays, principalement situés en Afrique, ont diminué de 14% en 2009, à 28 milliards de dollars, souligne la CNUCED. Des pays qui souffrent notamment d’un manque de politiques efficaces pour doper les investissements étrangers.

Le défi de la régulation…

A l’échelle mondiale, la tendance est toutefois à la libéralisation. La CNUCED recense au total 102 mesures de politique d’investissement adoptées en 2009, dont 71 favorisaient la libéralisation et la promotion de l’investissement étranger et 31 tendaient, au contraire, à le réglementer plus rigoureusement. «Un enjeu majeur consiste à trouver un équilibre satisfaisant entre la promotion des investissements et leur réglementation», commente l’organisation.

Dans son rapport «Investing across borders 2010», la Banque mondiale se penche sur cette question. Selon l’institution, la plupart des 87 pays étudiés dans ce rapport ont des législations restrictives et obsolètes en matière d’investissement étranger. Les procédures permettant aux entreprises étrangères d’investir, notamment dans le secteur industriel, peuvent ralentir considérablement ces opérations. Il faut parfois six mois pour qu’un projet d’investissement aboutisse !

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… et les promesses de la croissance «verte»

Dans son baromètre «Attractivité du site France 2010», le cabinet Ernst & Young estime que la compétition se tend dans la course aux quelque 3000 investissements étrangers effectués chaque année en Europe. Comment séduire ces «nouveaux clients de l’Europe», à savoir les investisseurs indiens, chinois, brésiliens ou russes ? Pour Marc Lhermitte, associé chez Ernst & Young, «les secteurs industriels sur lesquels la France va bâtir sa croissance sont probablement dans les économies vertes et dans ses champions mondiaux, notamment autour de l’énergie et des services».

Un avis partagé par la CNUCED. Les IDE dans les secteurs clés à faible intensité de carbone –dont les énergies renouvelables, le recyclage et les technologies «propres»- ont atteint environ 90 milliards de dollars en 2009. Pour Fabrice Hatem, «les groupes internationaux ont un rôle majeur à jouer dans la diffusion des technologies à faible intensité de carbone dans les pays en développement, grâce à leur vaste réservoir de technologies et de savoir-faire».

Source : http://www.jdf.com/indices/2010/08/06/02003-20100806ARTJDF00005-investissement-etranger-la-nouvelle-donne-de-lattractivite.php